Bonjour à toutes et à tous.
Histoire de marquer ma première participation sur Standalone Post, j'ai réussi à obtenir en exclusivité de la part du gouvernement d'Arstotzka, après pas mal de négociations (et pratiquement autant en pots de vins), le droit d'interviewer depuis sa cellule Igor Grinachzia, l'avatar d'une de mes parties sur "Papers, please" (testé ici même) .
J'entre dans la salle des visites, qui compte tenu de son état, ne doit pas servir souvent. La pièce est claire, mais les murs salis trahissent l'âge des locaux et la température ambiante me rappelle que le chauffage est un luxe qui n'a pas sa place partout en Arstotzka…
Assis derrière une table en bois d'une époque que je n'ai pas connu, Igor, la barbe mal taillée, l'œil terne et la posture courbée me regarde et me fait un léger sourire surement lié au fait qu'il n'a pas dû voir grand monde depuis un long moment.
Frédéric pour Standalone Post : "Bonjour Igor ! Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?"
Igor Grinachzia: "Bonjour, je m'appelle Igor Grinachzia et je suis un ancien fonctionnaire d'Arstotzka relevé de ses fonctions et enfermé ici depuis maintenant un peu plus de 30 ans"
F (SP): "30 ans ? Pouvez-vous nous raconter votre histoire ? Comment tout cela a-t-il commencé ?"
IG: "Un matin de novembre 1982, j'ai été tiré au sort à la Grande Loterie Nationale d'Arstotzka. J'étais content : l'usine où je travaillais avait fermé ses portes depuis quelques jours, mes économies étaient en train de fondre pour nourrir ma famille. Cet emploi était une aubaine !"
F (SP): "Votre famille ?"
IG: "Oui, je vivais avec ma femme, mon fils et mon oncle."
F (SP): "D'accord."
IG: " En 24h, j'étais autonome à mon poste ! Rien de très compliqué, il fallait simplement avoir l'œil et être un peu organisé car le bureau n'était pas bien grand. Arstotzka n'appréciait pas beaucoup les étrangers, elle ne leur permettait donc de pénétrer sur le territoire qu'au compte-goutte. Cela me simplifiait la tâche !"
F (SP): "Ah ?"
IG: "Le gouvernement d'Arstotzka a toujours été un peu paranoïaque, et il n'aurait pas apprécié qu'un "indiscret" vienne mettre son nez où il ne doit pas. La paye de 5$ par dossier traité n'était pas si mal en comparaison de mon travail précédent à l'usine ! J'arrivais même à mettre un peu de côté ! Mais ça, c'était au début..."
F (SP): "La suite s''est avérée plus compliqué ?"
IG: "Oui, un attentat au poste. Je n'ai pas été blessé mais le militaire qui m'accompagnait s'est pris une grenade, c'était horrible."
F (SP): "Horrible en effet. Les contrôles se sont donc durcis par la suite ?"
IG: "Oui, les habitants de Kolechia ont été visé car le terroriste était un gars de chez eux... Faut dire que nos deux pays sont restés longtemps en guerre par le passé ! Mais ce genre de discrimination n'était pas du gout des diplomates Koléchiens et ils ont fait pression sur le gouvernement d'Arstotzka pour obtenir plus de neutralité lors contrôles... La consigne à ce moment faisait que chaque résident du Kolechia qui voulait passer était choisi pour avoir droit à un examen complémentaire "aléatoire"."
F (SP): "Un passage au scanner ?"
IG: "Oui, pour trouver des armes ou de la contrebande. Bref, une fois ces évènements passés, les choses ont repris leur cour, mon cadre s'améliorait même, je modernisais progressivement mon bureau en automatisant certaines tâches, cela me rendait plus efficace pour faire face au flux toujours plus imposant de migrants et au nombre de documents qu'ils devaient me fournir."
F (SP): "Même pas une petite tentative de fraude de temps à autre ?"
IG: "Si, bien sûr ! Je peux même l'avouer maintenant, je n'y ai pas toujours été réfractaire, certains me proposaient des jolies sommes pour faire passer un proche, ou "oublier" de vérifier un document. Alors de temps en temps, je fermais les yeux."
F (SP): "La motivation était purement financière ? Et l'état ne vous sanctionnait pas ?
IG: "Non, j'avais droit à un quota de 2 loupés par jour, au-delà, ils pratiquaient des retenues sur salaire. Je devais donc rester prudent car il m'arrivait également d'en louper involontairement, l'erreur est humaine après tout ! Mais à part ça, non, mon leitmotiv n'était pas exclusivement financier, certaines personnes me touchaient plus que d'autre, je me souviens par exemple d'un couple qui fuyait je ne sais plus trop quel pays... C'était en Décembre. Lui avait tous ses documents en règle, elle, son passeport était périmé d'un mois... Si je lui refusais l'asile, elle risquait la mort dans son pays d'origine, elle me l'avait dit ! La larme à l'œil quand elle s'est présentée à mon bureau, je ne pouvais lui refusé l'accès, j'ai donc validé son passage."
F (SP): "Je peux comprendre."
IG: "Et puis, il y a eu la capuche quelques temps après."
F (SP): " La capuche ?"
IG: "Oui, c'est comme cela que je l'appelais... un grand type, dont le visage était caché dans sa capuche. Il est venu me voir en plusieurs fois, il correspondait avec moi par des lettres qu'il me faisait lire au bureau et qu'il récupérait ensuite, histoire de ne pas laisser de traces. Il m'a fait comprendre qu'il travaillait pour l'EZIC, un groupuscule anti-gouvernemental. Mais moi, je tenais à mon poste, et à cette époque, j'étais fier de mon rôle et de mon pays, alors quand ces gars m'ont demandé de laisser passer un type de chez eux à qui il manquait un document, j'ai refusé et invalidé son passeport. Je ne voulais pas avoir d'ennuis avec les autorités ! Vous imaginez si on s'était fait prendre ??"
F (SP): "Il y a eu des représailles ?"
IG: "Non, ils sont revenus me voir, un soir, ils ont tapé à la porte de chez moi après ma journée de boulot. Ils m'ont proposé 1000$ ! 1000$ vous vous rendez compte ! Je gagnais, à cette époque, entre 35 et 40$ par jour, moins tous les frais ! Ca ne faisait pas lourd à mettre de côté, en gros 5 à 10 $ les bons jours, et encore ! Alors qu'avec cette somme, je pouvais même espérer déménager, offrir mieux à ma famille !
F (SP): "Ca n'a pas été le cas ?"
IG: "Hélas non, Arstotzka avait des yeux et des oreilles partout... Ils les a surement toujours d'ailleurs ! Dès le lendemain, un voisin, je ne sais pour quelle raison, m'a vendu aux autorités comme quoi je vivais au-dessus de mes moyens ! Comme au ministère des affaires intérieures, ils avaient déjà des doutes sur le fait que j'ai pu être approché par des membres de l'EZIC, le soir même ils ont fait une descente et découvert l'argent. C'était impossible à justifier, j'ai donc été emmené en cellule manu militari ! Ma famille, couverte de honte et craignant des représailles, a probablement dû fuir dans un autre pays. Je n'en sais rien, je ne les ai jamais revu."
F (SP): "Je l'espère pour elle. Je vous remercie pour ce moment passé en votre compagnie. Je vous souhaite bon courage, et Gloire à Arstotzka ! "
Il leva les yeux sur moi une dernière fois, me fit un rictus et répondit :
IG: " C'est ça ouais..."
Je vous propose donc de découvrir un petit jeu hors du commun, particulièrement profond, intelligent et intéressant : « Papers, please. ». C'est juste ici !
Auteur : Frédéric Bertrand
CorrespondantGrand couillon qui s’amuse autant que possible en s’intéressant à pleins de trucs. Il y a pléthore de choses qui me passionnent (photos, dessins, hi-tech, moto, rock, jeux vidéos, etc...) Ah, si j'avais plus de temps à leur consacrer... Mon petit blog perso (remis a jour pratiquement a chaque tremblement de terre) : http://unleashed-sonic.blogspot.fr/
Derniers articles
- Quand Max le survivant rend visite à Far Cry !
- [Test] Hatred - Du sang, des pleurs, des morts et une polémique
- [Dossier X-COM - Chapitre 6 - Bonus] Quelques indés !
- [Test] The Talos Principle : Méninges, réveillez vous !
- [Dossier X-COM - Chapitre 5 - Suite] Il était une fois des petits hommes gris... et hostiles ! -- L'ère moderne
Commentaires
Not bad ^^
Thanks !
Ajouter un commentaire