En gros Nintendo fan, Speedrunners fan et autres party-games fan, cela fait des semaines que je guette la sortie de Runbow, jeu de course/plateforme/party-game épileptique développé par 13AM et proposé par Nintendo depuis hier sur son e-shop. Maintenant que je l'ai... je me sens un peu trahi.

La genèse

C'était l'un des jeux sur lequel avait choisi de se focaliser Nintendo en terme de marketing, après la sortie de Splatoon. Tout le monde a au moins vu un trailer, une banderole ou une bande-annonce de Runbow, le jeu super fun plein de couleurs jouable à neuf en ligne comme dans son salon. Proposant des courses (ainsi que quelques variantes) dans un univers monochrome, ses mécaniques sont simples : régulièrement, l'écran change de couleur. Quand l'écran devient violet par exemple, les plateformes violettes disparaissent, mais les autres sont révélées. 

Ainsi, il s'agit d'anticiper le prochain changement de couleur afin de savoir quel chemin emprunter, et où il ne vaut mieux pas s'éterniser. Dans le principe ça marche, c'est vraiment drôle, et même si on n'a pas encore eu l'occasion de le tester à neuf il n'est pas nécessaire d'être aussi nombreux pour constater le fun potentiel du soft. D'autre part, un mode aventure solo assez long (et reposant en partie sur du time attack) est disponible pour vos soirées en solitaire.

Le "oui mais"

Oui mais quand j'ai lancé ma première run, tout seul, et que j'ai vu un gigantesque "ALLER !" s'afficher sur mon écran pour me donner le départ (ce n'est pas une faute de ma part, ils l'ont bien orthographié comme ça), j'ai eu comme un mauvais préssentiment. Un jeu overmarketé par Nintendo et vendu à moins de 15 euros ne pouvait être que l'oeuvre de petits génies ou la plus fine arnaque du trimestre. Malheureusement, je penche plutôt pour la deuxième option.

Si l'idée est donc absolument géniale, la réalisation est en tout point catastrophique. Votre personnage est lent (ca se ressent surtout en solo, quand on essaye de battre le chrono), ses sauts sont minables et rigides, sa réactivité est à la limite de l'acceptable. On a l'impression que la gravité est quadruplée dans l'univers de Runbow, et si vous avez déjà joué à l'excellent Speedrunners (jeu auquel j'étais tenté de comparer Runbow à l'origine, et dont la maniabilité est impeccable) cela ne fera qu'aggraver votre impression de lourdeur.

Un bug ça va, deux bugs, ca va... trois bugs?

Pire encore, les hitbox sont complétement cassées, sauter le long d'un mur possédant quelques aspérités vous bloquera dedans, ou interrompra votre saut. En général le moindre petit relief perturbe la mécanique antédiluvienne de votre personnage, qui me fait penser malgré moi à ce que je pouvais réaliser à la fin des années 90 avec Klick'n Play et son moteur physique à deux balles. Pour finir sur le sujet, si vous avez le malheur de frapper un ennemi en courant, il peut arriver que votre attaque passe à travers lui et que vous preniez des dégâts. Il faut donc essayer de leur sauter sur la tête, mais après certains sauts vous êtes immobilisé au sol pendant quelques frames... Pratique, dans un speedrun.

Je pourrais enchaîner avec le début du niveau "Bowhemoth", pendant lequel vous êtes en chute libre pendant un long moment, alors que le jeu arrive tout juste à afficher plus d'une dizaine d'images par secondes. Car oui, ce jeu en 2D aux graphismes simplistes peine à maintenir le strict minimum en terme de FPS dès que vous allez un peu trop vite. Mais rassurez-vous, cela ne risque pas de vous arriver souvent.

Surmédiatisée, over-rated, l'expérience Runbow est vécue par le fan du genre que je suis comme une déception. Partant d'une idée simple et bien exploitée, le jeu se vautre dans une raideur et une rigidité aux antipodes de ce que le gameplay réclame, laissant de lui l'impression d'un énorme gâchis. Ne vous y trompez pas, le fun est bien présent, surtout à plusieurs, mais entre les lags en ligne et les problèmes de mobilité, on a l'impresison que le jeu est sorti quelques mois trop tôt.

La sévérité de mon évaluation tient compte du fait que le produits de l'e-shop sont rarement mis à jour, encore moins pour modifier un jeu en profondeur. Je ne m'attends donc pas à ce que la situation s'améliore, plutôt au fait que l'éditeur brasse un maximum d'agrent dans les semaines à venir puis se fasse oublier un moment.