Un weekend à la Global Game Jam de Cannes

Créer un jeu vidéo est une expérience riche et unique. Qu’il est bon en effet d’imaginer, conceptualiser, produire dans le but d’apporter du fun, du challenge, des expériences nouvelles ! Et grâce à des événements comme la Global Game Jam, cette expérience est à la portée de tous.

Un weekend pour développer un prototype de jeu

 Arrivée dans les locaux de la pépinière CréaCannes

Pour rappel la Global Game Jam est un événement annuel et mondial qui rassemble des passionnés et professionnels du milieu des jeux vidéo, dans le but de créer en 48h un concept de jeu, sur un thème imposé. L’événement est relayé dans plusieurs grandes villes, et pour nous, à Cannes, 18 heures sonne le top départ de cette édition 2015 ! Après une rapide présentation des intervenants, le thème de la jam 2015 nous est donné : «What do we do now ?», à nous de faire avec maintenant !

En 2014, 488 lieux dans 72 pays ont été les berceaux de plus de 4000 jeux.

J’avais envie de vous faire partager ma première expérience d’une jam. Qui est d’ailleurs la première jam organisée ici à Cannes, et peut-être pour vous l’occasion d’entendre parler pour la première fois d’un événement comme celui-ci.

Donc concrètement, comment ça se passe ?

Ici nous étions en petit comité (une vingtaine de personnes), mais certaines jams peuvent attirer des centaines de candidats, malheureusement la Côte d’Azur n’est pas encore très au fait question culture vidéo ludique (ça va venir !). Une vingtaine de personnes donc, des compétences et profils variés, mais toutes rassemblées autour d’une envie commune, créer un jeu vidéo, s’amuser, mais aussi se dépasser pour avoir un prototype à présenter à la fin du weekend.

Le vendredi soir donc, le thème est dévoilé et les jammers commencent à réfléchir individuellement à des concepts. Quelques minutes seulement puis place aux présentations desdits concepts et à la formation des équipes. Certaines étaient déjà constituées à l’avance, d’autres se sont créées autour d’une idée inspirante parmis celles présentées. Un repas gentiment offert par les organisateurs et sponsors, et c’est parti pour un weekend de folie !

L’organisation est de rigueur pour ce genre d’événement, cela dit l’urgence est telle que tout le monde veut se lancer le plus vite possible dans la production. Bien conscient que les heures de repos seront rares, chacun tente de planifier et d'organiser le travail le mieux possible. Les idées fusent, mais il faut rester raisonnable et ne pas être trop ambitieux, le plus important étant de finir son prototype, non pas de créer GTA VI.

La première nuit, peu de participants sont allés se coucher, ou très tard. L’adrénaline tient éveillée même la plus coriace des marmottes, et les équipes veulent être certaines d’avancer rapidement. Au milieu des «ça fait 27h que je suis debout» ou des questionnements sur «pourquoi ça ne fonctionne pas ?», tout le monde semble quand même ravi, fatigué, mais ravi.

La journée du samedi a été plus difficile (du moins à titre personnel), le cerveau fatigue à cause du manque d’heures de sommeil. On commence à avoir des idées un peu trop loufoques : «Bon et là t’arrives dans la grotte et t’es nez à nez avec un putain de pigeon énorme qui te poursuit !».

Heureusement les organisateurs sont aux petits soins avec nous : distributions de cafés, thés et de sucreries (diabète quand tu nous tiens) histoire de nous donner force et courage !

Ici tous les groupes ont bien avancé, peu de risques qu’un des concepts ne voit pas le jour. Le dimanche l’atmosphère se détend donc (quelques parties de Binding of Isaac et c'est reparti !), mais il y a fort à parier que ce n’est pas le cas partout. J’imagine bien certaines équipes dans d’autres villes, face à un bug qu’ils n’arrivent pas à corriger, une mécanique de jeu qui s’avère finalement mal conceptualisé, une ressource qui fait défaut et met le projet en retard. La pression qui se fait grandissante à mesure que la deadline approche, c’est aussi ça la Global Game Jam. Ce risque que ça ne fonctionne pas, ce travail dans l’urgence et la pression, ces 48h sur le fil, éprouvantes mais aussi tellement réjouissantes. Car au final c'est un véritable jeu. De la créativité, du partage, du challenge comme on l’aime, en bonne compagnie et dans la bonne humeur.

La tension est remontée légèrement vers 15h, heure à laquelle nous devions rendre les .exe et les sources du projet…  mais comme je vous le disais, tous les groupes ont été capables de rendre leur prototype et on s'est bien amusé. Nous sommes ensuite passés aux tests et aux votes.

Sont nés de cette game jam, 4 prototypes fantastiques qui n’ont rien à envier aux récents AAA.

We grow http://globalgamejam.org/2015/games/we-grow, un jeu de gestion de village dans lequel vos choix le feront évoluer de différentes façons.

Caveception http://globalgamejam.org/2015/games/caveception, une expérience sensorielle avec l’Occulus Rift.

Endness http://globalgamejam.org/2015/games/endness-virtua-media, un jeu de plateforme loufoque sur fond de fin du monde.

Sauver Charlie http://globalgamejam.org/2015/games/sauver-charlie, un jeu de plateforme/action dans lequel vous devez sauver des journalistes.

Le concept sur lequel j'ai travaillé

Et sinon, comment ça s’organise une Game Jam ?

Cette Game Jam était une première à Cannes, grâce à l’initiative de deux étudiants du Master Mapi/Maje, Fréderic et Benjamin, on les remercie d’ailleurs bien fort pour ça, car mine de rien c’est du boulot. La Global Game Jam est en effet un événement mondial, mais qui n’a pas forcément lieu dans toutes les villes, car il faut des organisateurs qui prennent la responsabilité d’encadrer l’événement.

Ainsi, sous couvert de respecter certains critères vous comme moi pouvons organiser une jam dans notre ville. J’ai donc demandé quelques informations supplémentaires à ceux qui nous ont dorlotés tout le weekend.

Benjamin, habitué de ce type de rassemblement a voulu créer une annexe à Cannes, valorisant ainsi la culture vidéoludique dans la région. Il s’est inscrit via un formulaire sur le site officiel de la GGJ. Pour valider un lieu de game jam, des critères doivent être respectés, notamment concernant la sécurité et l’hébergement des jammers. Benjamin me confie que c’est une belle aventure mais aussi une tâche compliquée et que c’est «mieux d’être accompagné». Aidé de Frédéric, ils se lancent dans l’aventure, démarchent des sponsors, cherchent un lieu pour l’événement. Une fois l’inscription validée, ils ont pu partager des infos avec d’autres organisateurs et ainsi obtenir des conseils. Ils ont été également mis en relation avec la Global Game Jam au niveau européen qui vérifie que les «besoins primaires» d’accueil et d’hébergement sont respectés. Ensuite chaque organisateur est libre de mener la Jam comme il l’entend (fournir ou non le repas, demander ou non un financement, etc). Il doit par contre respecter les horaires et consignes communes à tous les participants.

Frédéric et Benjamin me précisent qu’ils ont eu des soucis de dernière minute avec les locaux, et qu’il est parfois long et difficile de trouver un lieu, puis des sponsors. Aussi, pour ceux qui souhaiteraient reproduire l'évènement dans leur ville, ils conseillent de s’y prendre longtemps à l’avance, de démarcher des sponsors même avant d’avoir le lieu, car parfois le réseau de partenaires peut aider à ce niveau. En tous cas ils sont très contents et remercient leur sponsors car ils ont été indispensables au bon déroulement de l’événement. Plusieurs acteurs importants de la région ont contribué à rendre cette Game Jam possible. L’incubateur PACA-EST et son directeur André Labat ainsi que le studio de développement de jeu Moving Player et son CEO Luca Benevolo ont participé au financement et aidé à trouver le lieu pour la jam. Le Maire de Cannes M.Lisnard, Polytech Nice et le Master Mapi/Maje ont également soutenu ce projet, le BDJ de Polytech a même envoyé des étudiants qui ont veillé toute la nuit avec nous. Enfin, Christophe Frank, le directeur de la pépinière CréaCannes qui nous a gentiment herbergé et a même fait réaliser un reportage sur cette belle aventure.

Tous les participants ont passé un bon moment, j’ai fait un petit tour pour récolter les avis, la fatigue se fait sentir mais la joie s’invite aussi sur tous les visages.

Jordan, tout comme Julian lancent : « Vivement l’année prochaine ». David, visiblement fatigué raconte qu'il a sommeil, mais qu'il a évidemment trouvé l’expérience très enrichissante. Gwenn annonce : « J’aime le chocolat », tout comme Renaud « j’ai mangé plein de Bounty ! ». Ils ont visiblement apprécié les distributions. Renaud ajoute qu’il est content d’être arrivé au bout de sa réalisation : « c’est un véritable épanouissement personnel ». Eric son coéquipier trouvent que «l'expérience a été intéressante» et leur a permis de « rencontrer d'autres passionnés de culture vidéoludique dans une ambiance créative

Guillaume enfin me dit que cette jam a été «une belle expérience qui m'a permis d'améliorer mes compétencess mais aussi de travailler sur l'Occulus Rift»

Le mot de la fin pour nos organisateurs :

« Nous remercions nos sponsors et nous encourageons tout le monde à participer, à s’amuser et à faire des jeux » ce à quoi Benjamin ajoute qu'il faut «mordre la vie à pleines dents.»

En bonus, deux participants qui dorment... dont moi !

Sources :

http://globalgamejam.org/

http://globalgamejam.org/2015/jam-sites

http://ggjcannes.tumblr.com/

Auteur : Alison Derolez

Chroniqueuse
Culturophage invétérée, je nourris le doux espoir de travailler en tant que Game Designer. Le jeu vidéo est une belle histoire à écrire, à vivre et à raconter !

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