Sur le stand de Kalypso à la Gamescom 2015, deux jeux avaient tout particulièrement retenu notre attention : Crookz, que nous avons déjà découvert ensemble, et Grand Ages : Medieval, qui semblait se distinguer par ses mécaniques originales et ses graphismes époustouflants. Après avoir testé ce jeu de gestion en début de semaine, nous avons maintenant la possibilité d'explorer la version définitive à l'occasion de sa sortie ce week-end.
Ca fait rire les oiseaux
Six ans après Grand Ages : Rome, qui proposait à l'époque de gérer des villes à plus petite échelle, l'opus Medieval arrive avec l'intention de marquer les esprits. Offrant un monde vaste de 20 millions de kilomètres carrés (toute l'Europe, à l'échelle, plus un bout d'Afrique et du Moyen-Orient), ce jeu de gestion en temps réel marque en premier lieu par ses graphismes.
Le niveau de zoom est particulièrement impressionnant, vous proposant de dézoomer à l'échelle de plusieurs pays, et de vous rapprocher au point de pouvoir deviner les occupations de vos sujets, le tout de manière extrêmement fluide sur des machines relativement modestes.
Petit bémol cela dit, comparé aux cinématiques magnifiquement dessinées et au moteur parfaitement optimisé, le design des visages des personnages et leur animation vous ramène tout droit en 1995, rendant certains dialogues assez glauques et votre "bien aimée" du mode campagne pas aussi sexy que le laissaient paraître les illustrations. S'il est difficile de comprendre comment cet aspect précis a pu être à ce point massacré, il peine à gâcher l'émerveillement que l'on éprouve en parcourant les vastes contrées du jeu, remplies de vie et de détails. Non vraiment, graphiquement, ce jeu est enchanteur.
Point trop n'en faut
Mais trêve de contemplation, et place à la guerre. Car il s'agira bien souvent d'affrontements, qu'ils soient militaires ou commerciaux, dans le but de dominer l'Europe du XIe et XIIe siècle. L'idée de Grand Ages : Medieval va presque à contre-courant de ce que propose le marché aujourd'hui : concevoir un jeu basé sur la macro-gestion. Oubliez les formations de vos escouades, l'orientation de votre moulin ou l'ordre de vos recherches scientifiques : dans ce jeu vous êtes un souverain, vous prenez donc les grandes décisions, laissant à vos vassaux le soin de les appliquer.
Dans la pratique cela fonctionne plutôt bien, et le soft arrive à trouver un équilibre intéressant entre automatisation et prise de décision. Pour faire simple, le nerf de la guerre, c'est le commerce. Un peu à la manière d'un jeu de société, Gaming Minds a posé des règles strictes vulgarisant les échanges entre royaumes, tout en laissant le champs libre à de nombreuses stratégies.
Je m'explique : chaque ville sous vôtre contrôle ne peut produire que cinq ressources, dépendant de ce qui l'entoure bien sûr (comme dans n'importe quel Civ-like) et des matières premières dont elle dispose. Cela va vous obliger rapidement à établir des routes commerciales entre vos villes (et celles de vos voisins, éventuellement), afin de devenir autosuffisant. Croyez moi, l'équilibre parfait est quasiment impossible à obtenir dans un empire en pleine expansion, et vous passerez de longues heures à ne rien faire d'autre qu'optimiser vos routes.
Avez-vous la carte du magasin?
Les marchands sont donc absolument centraux dans Grand Ages. Les systèmes de prix, d'offre et de demande étant simulés avec beaucoup de réalisme, vous aurez bientôt l'opportunité de jouer sur les pénuries des un ou les excédents des autres afin de vous enrichir. Car au delà de la maigre somme que représentent les impôts (souvent largement grignotés par vos coûts de production), vos principales sources de revenus seront les marges de vos commerçants, pouvant gérer leur échanges eux-mêmes ou obéir à votre volonté, achetant tel ou tel article à bas prix pour le revendre une fortune à l'autre bout du continent.
La diplomatie, même si elle s'apparente elle-aussi à celle d'un Civ-like, est assez sommaire, et se limite aux traditionnels échanges de biens et autres accords commerciaux. Elle sera par contre elle-aussi influencée par le commerce, une ville affamée par des marchands trop avides pouvant finir par les haïr, comme elle pourra vous aduler si chacun de vos itinérants leur apporte les ressources dont elle manque cruellement.
Côté militaire, on reste dans le même ton : si vous placez vos armées et leur donnez quelques consignes basiques, elles sont globalement autonomes et c'est tant mieux, tant le territoire est grand et les évènements impromptus multiples. Vous l'avez peut être deviné, même dans le domaine des armes ce sont les intéractions avec les routes commerciales qui seront primordiales : assiéger une cité, lui couper l'arrivée de vivres ou lui imposer d'acheter à vos marchands permettent souvent de changer le courant d'une guerre, voire parfois de faire tomber un empire.
Le temps de pause
Proposant un système de pause active et de gestion de la vitesse des évènements (de x0.1 à x10, bien utile quand on a toute l'Europe à traverser), Medieval est un jeu incroyablement chronophage si vous êtes un tant soit peu minutieux. Il ne sera pas rare que vous passiez de longues minutes (voire plus) sur pause, à revoir une par une les routes de vos marchands afin de pouvoir enfin alimenter votre capitale en tellle ou telle ressource sans pour autant rompre l'embargo que vous imposez à votre adversaire.
De même, les manoeuvres de grands corps d'armée seront vécus comme de grands moments, une situation de siège pouvant donner une impression de toute puissance, et le mouvement de milliers de soldats pouvant demander une planification rigoureuse en termes de coûts et de risques.
En mode multijoueur (jusqu'à 8) c'est tout à fait différent, car il n'y a aucun moyen de jouer avec le temps. Le jeu devient donc un défi de multitasking, réservé aux rois de la stratégie et aux commerciaux les plus talentueux, possédant une connaissance du jeu suffisante pour ne pas se noyer dès la première heure.
Conçu comme un sandbox à grande échelle, Grand Ages : Medieval ravira autant les fans de Sim City détendus que les aficionados de RTS agressifs et impitoyables. La campagne, sorte de tutoriel géant, permet un apprentissage en douceur d'un soft qui semble concu comme un jeu de société (il est même jouable à la manette, et disponible sur PS4), réduisant le nombre de ses mécaniques sans pour autant les simplifier. Proposé à 30 euros, il n'échappe bien sûr pas à son lot de textures moches, de sound design parfois un peu bancal ou d'animations à la ramasse. Mais l'ensemble paraît vraiment négligeable au vu de l'expérience inoubliable, pacifique ou pas, que vous fera vivre le jeu de Kalypso.
Verdict : 9/10
Grand Ages : Medieval est un jeu développé par Gaming Minds et édité par Kalypso, sorti le 25 Septembre et disponible sur Steam ainsi que sur le PlayStation Store.
Auteur : Adrien Martel
Rédacteur en ChefAncien correspondant de presse, passionné de musique et de nouvelles technologies, partage son temps libre entre les voyages, le Standalone Post et la Wii U
Commentaires
J'ai raté ton stream de ce jeu et c'est bien dommage, car il a l'air top ! Par contre, un tel jeu sur PS4, je ne suis pas convaincue... Je préfère rester sur PC lorsqu'il s'agit de gestion ^^
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