Histoire de la console

PONG, le premier cas de plagiat dans l'univers des jeux vidéo

Inspiré d'un jeu de tennis créé pour la première console Magnavox Odyssey, Nolan Bushnell fonde l'entreprise Atari et s'empresse de faire développer par un nouvel ingénieur, Allan Alcorn, un jeu de ping-pong qui soit intuitif. Un système affichant les scores est aussi intégré. Le nom Ping-Pong ayant déjà été déposé, il choisit de le nommer sobrement PONG.

La toute première borne d'arcade payante

Atari n'envisageant pas tout d'abord de fabriquer des bornes de jeu, mais de les développer, Bushnell commence à faire le tour de plusieurs fabricants de flipper et de machines de jeux mécaniques, qui ne sont guère enthousiasmés par le produit. Atari envisage alors d'adapter un commutateur de monnaie pour essayer de louer la machine. La première borne de PONG est testée au bar Andy Capp's Tavern à Sunnyvale en Californie. Une fois installé, le système est immédiatement testé par 2 personnes (il fallait obligatoirement un deuxième joueur pour jouer à PONG car le matériel de la borne ne permettait pas de gérer une intelligence artificielle). Le lendemain, la popularité du jeu s'est répandue tellement vite que des personnes firent la queue au matin à l'ouverture du bar pour jouer à PONG ! Cette première borne tomba rapidement en panne, mais il s'avéra que la cause du dysfonctionnement était le trop plein de pièces de monnaie qui bloqua le commutateur de pièces : la légende de PONG était née.

Bushnell étant à ce moment-là déjà parti à Chicago pour présenter PONG aux entreprises Bally et Midway, et apprenant par téléphone l'incroyable succès de sa première machine, décida finalement qu'il serait plus profitable qu'Atari commercialise ses produits plutôt que de les faire produire par un autre fabricant. Malheureusement pour Bushnell, la curiosité de Bally/Midway était déjà piquée, et ces derniers deviendront pas la suite des concurrents dans le monde du jeu vidéo d'arcade et de salon.

Pour produire ses bornes, Bushnell fit le tour des banques qui étaient très réticentes à lui accorder un prêt : dans les années 70, le milieu des jeux mécaniques comme les flippers étaient notoirement le domaine de la Mafia, ce qui ne rassurait guère les potentiels investisseurs. Atari réussit tout de même à décrocher un crédit et lança commercialement PONG à la fin de l'année 1972. Très rapidement, l'entreprise rencontra un tel succès qu'elle ne put répondre à la demande galopante de ses clients. Entre 8 000 et 10 000 bornes d'arcade furent vendues d'ici la fin de l'année 1974. Dans l'euphorie de son succès précipité, la direction d'Atari négligea de protéger son concept de borne de jeu, ce qui allait rapidement devenir une opportunité à saisir pour de nombreux concurrents...

PONG à la maison

Devant le succès incroyable de PONG, mais affrontant une concurrence de plus en plus importante de la part d'autres constructeurs copiant sans vergogne le concept de jeu lui-même et de la borne d'arcade, Atari décida de créer de nouveaux produits. L'ingénieur Harold Lee proposa l'idée d'une version de PONG que l'on pourrait utiliser chez soi avec son téléviseur : Home Pong. 

Son développement débuta son le nom de code Darlene, du nom d'une belle employée chez Atari. Une puce permettant de contenir tout ce qu'il était nécessaire pour faire tourner PONG sur une machine compacte fut créée, la célèbre PONG-in-a-chip, qui était à son époque, la plus puissante puce électronique jamais utilisée dans un produit de grande consommation. Peinant à trouver une entreprise voulant vendre son produit, Atari dût se tourner vers un partenariat exclusif avec la seule compagnie qui démontra un intérêt pour la console Home Pong : Sears. Le succès de la console pour les fêtes de Noël 1975 fut énorme : de nombreuses files d'attente de gens espérant acheter la Home Pong se formaient dans les rues. Plus de 150 000 consoles furent vendues durant cette saison.

Un concept vite copié

De nombreuses autres concurrents entreprirent de copier l'idée d'une console de jeu capable de jouer à quelques jeux intégrés. General Instruments sortit en 1975 sa propre puce remplaçant la majorité des composants nécessaires pour créer une console de jeu similaire à celle d'Atari. Cette puce eut un succès énorme : au moins 500 consoles différentes furent basées sur ce processeur, fabriquées par des centaines de constructeurs à travers le monde. Mais il ne s'agissait pour la plupart que de simples clones n'apportant rien de plus par rapport à l'original.

Un succès énorme, mais éphémère

La fin de ces consoles d'entrée de gamme arriva au début des années 80 avec la déferlante de nouvelles concurrentes aux capacités graphiques et vidéoludiques bien plus importantes, et par le manque d'intérêt de la part des consommateurs pour le nombre limité de jeux disponibles.

Variante(s)

Sears PONG, 1975 : la première console dédiée utilisant PONG.

Atari C-100 PONG, 1976 : la première console d'Atari, ne permettant de ne jouer qu'à PONG, avec des contrôleurs à molette fixés directement à la console.

Atari C-121 Hockey PONG, 1976 : ajout du jeu de hockey. Cette console semble n'avoir été vendue qu'en Europe et en Asie. Alors que les autres systèmes d'Atari ont été fabriqués aux USA, celle-ci n'a été fabriquée qu'en Corée par Samsung, qui était alors une entreprise méconnue.

Une erreur a été faite lors de la fabrication et tous les modèles possèdent le même numéro de série : 55559E.

Atari C-140 Super PONG, 1976 : capable de lancer 4 jeux dérivés de PONG.

Atari C-160 PONG Doubles, 1976 : version 4 joueurs de PONG.

Atari C-180 Super PONG TEN, 1976 : une version 4 joueurs de la Super PONG.

Atari C-200 Super PONG PRO-AM, 1977 : même chose que la Super PONG, mais permettant les modes de jeux PROfessionnel ou AMateur et surtout avec de nouvelles manettes qu'il est possible de détacher de la console.

Atari C-202 Super PONG PRO-AM TEN, 1977 : version 4 joueurs de la Super PONG PRO-AM.

Atari C-402S Ultra PONG, 1977 : 16 jeux pour 2 joueurs.

Atari C-402D Ultra PONG Doubles, 1977 : une version 4 joueurs de l'Ultra PONG.

 

De nombreux autres clones furent aussi créés par des entreprises connues telles que Philips (qui retentera plusieurs fois de conquérir le marché du jeu vidéo par la suite), Radiola, Brand, Schneider, Blaupunkt, et même Seb. De nombreuses autres marques bien moins connues se lancent. Parmi elles : Hanimex, Interton, Zanussi, Coleco, Orelec, TeleTenis, Videomaster, Commodore, et aussi... Nintendo, qui aura alors l'occasion de créer sa première console de jeu !

Certains fabricants de téléviseurs ont même inclus directement une console de type PONG au sein de certains modèles :

 

Prototype(s)

La première version de la borne PONG nous montre à quel point le jeu vidéo n'en était à cette époque qu'à ses tous premiers débuts :

 

Défauts de fabrication

Ces systèmes d'entrée de gamme n'avaient bien souvent aucun contrôle qualité à la fabrication, et il est assez fréquent qu'ils puissent tomber en panne sans raison apparente, ou que les manettes ne fonctionnent plus car elles sont pour la plupart très fragiles.
De nos jours, il sera aussi difficile de trouver des adaptateurs secteurs pour ces consoles. La plupart des constructeurs les proposait en option par souci d'économie car ils laissaient la possibilité d'utiliser des piles sur leurs machines.