Si vous avez un jour touché à un free to play comme War Thunder ou World of Warplanes, jouer à BOMB va immédiatement vous placer dans un univers et un gameplay que vous connaissez déjà fort bien. Jeu d'avion orienté arcade, il vous propose d'incarner un pilote moustachu et passablement frivole dans un enchaînement de missions des plus classiques aux plus loufoques.

Lumière verte sur vapeur

Le soft est développé par La Moustache Studio, structure créée spécialement pour ce jeu et composée de deux personnes. Après des débuts prometteurs dans le milieu indé, BOMB finit par être Greenlighté sur Steam et se retrouve aujourd'hui dans la cour des grands. 

A première vue, on pourrait penser que c'est pour le mieux : contrairement aux simulateurs que je citais précedemment, BOMB est très coloré et sa direction artistique est admirable. Loin de l'image sérieuse et héroïque de ceux qu'on aurait pu prendre pour des concurrents, le jeu vous place dès le départ au milieu d'un archipel paradisiaque, aux côté d'un héros fauché, d'un assistant souvent désemparé et de méchants extrêmement drôles.

La majorité des missions est extrêmement simple : escorter un convoi, détruire un bâtiment ou abattre des ennemis, tout est prétexte aux fameux "dogfights" dont le jeu se sert pour faire sa promotion. Si vous commencez avec un vieil appareil peu maniable, vous le verrez à la fois amélioré mais surtout rapidement remplacé par d'autres, bien plus récents et rapides.

Ceci n'est pas une beta

Maintenant que je vous ai correctement présenté le jeu je vais pouvoir en venir à ce qui pose vraiment problème, ce qui brûle les lèvres dès qu'on parle de BOMB, ce qu'Alison nous expliquait dans son décryptage la semaine dernière : le jeu est tout sauf fini, et je pense que le studio a fait de mauvais choix.

Pour être honnête, je pensais vraiment que le jeu était en beta quand je l'ai testé pour la première fois, et j'ai dû changer de catégorie en cours d'écriture quand je me suis rendu compte que le jeu était en fait proposé en "version commerciale". J'aurais mauvaise conscience de sabrer ce jeu en énumérant tous ses défauts, je vais me contenter de vous parler de ce qui émerge vraiment.

Les menus sont assez mal fichus et la configuration des commandes est un calvaire, commandes qui ne sont d'ailleurs pas du tout optimisées et partiellement personnalisables (si vous jouez à ce genre de jeux au clavier, je vous souhaite bon courage avec BOMB). De fait, on a peu de prise sur son avion, qui a tendance à tanguer et à prendre des trajectoires étranges. Pour un jeu qui s'annonce arcade (au moins autant que simulation), la version "Simulateur" de War Thunder est moins punitive et atroce en terme de gestion de la physique.

Les combats (surtout les premiers) sont très logiquement laborieux d'autant que vous ne possédez pas de minimap, mais pire encore les temps de trajet entre les objectifs (ainsi que le rythme du jeu en général) sont affreusement longs et lents. On pilote parfois pendant plusieurs minutes sans rien croiser, vers un objectif que l'on détruira en quelques secondes.

Le jeu propose des dialogues et des tutoriels in game, qui sont quaisment impossibles à lire si vous tentez de manoeuvrer votre engin. C'est sans compter les angles de caméra forcés quand un indice apparaît à l'écran, angles qui peuvent donc vous faire crasher puisqu'on ne peut recentrer la vue avant d'avoir appuyé sur les touches demandées.

Enfin, le jeu vous permet de passer une mission si vous l'avez échouée, ce qui atomise l'intérêt du jeu. Jeu qui est de toute façons tellement punitif dans ses mécaniques et ses combats (il n'y a pas de checkpoints) que les développeurs ont récemment sorti en urgence un mode "facile". Quand vous avez besoin d'un mode facile pour que les joueurs arrivent à finir votre jeu, croyez-moi, c'est rarement la difficulté qui pose problème.

Mea Culpa

Croyez moi, mon coeur saigne et j'ai horreur de démolir un studio et une initiative que je trouve courageux, d'autant que le jeu est plein de bonnes idées. Les gars de La Moustache ont voulu sortir le jeu avant les soldes d'hiver Steam 2014, embrasés par une critique extrêmement positive de Rock, Paper, Shotgun (dont je doute fortement de l'honnêteté, d'autant plus connaissant leur proximité avec Steam), ce qui à mon sens leur à coûté la sympathie que pouvaient avoir une partie des curieux envers eux.

Aujourd'hui affublé d'une évaluation "Variable" et de seulement 49 commentaires après un mois de commercialisation sur Steam, BOMB est l'exemple parfait de la loi qui dit que, pire que de sortir un early access injouable, sortir un jeu "fini" qui ressemble à une démo technique peut réduire à néant vos chances de succès.