Strider

Strider, sur un toit.

Certains jeux ont cette petite étincelle qui leur permet de dépasser le statut de saveur momentanée pour s'installer durablement par leur beauté dans la mémoire collective de l'humanité. Uniques en tous points, ils arrivent à émerveiller par leur efficace simplicité des générations successives d'amateurs ravis d'être le réceptacle temporaire de tant de beauté. Et puis, de l'autre côté de l'univers, vous avez Strider. Le héros de ces jeux dont personne ne se souvient.

Ou presque, j'ai l'honneur d'être l'une ce des personnes dotées d'une mémoire qui porte sur plus d'une dizaine de minutes et c'est avec plaisir que je vous proposerai dans ce paragraphe des plus instructifs un bref historique de la série. Tout commence en 1989 pour Le Ninja Avec Une Écharpe Rouge par une apparition dans le relativement anecdotique - mais très joli - Strider sorti en arcade sur format CPS-1. Ce jeu de Kouichi Isuke doté de quelques qualités esthétiques évidentes sera ensuite porté un an plus tard sur MegaDrive dans une version des plus respectables. Le titre deviendra par pur effet de surprise l'un des premiers hits d'arcade de Capcom et l'un de ces jeux qui paveront le chemin de l'esthétique menant à Street Fighter II. Pour l'anecdote, c'est le premier jeu de sa génération contenant des voix digitalisées en quatre langues différentes. Si ça c'est pas cosmopolite.

À l'époque l'envahisseur communiste était une préoccupation de tous les instants ce qui explique aisément l'univers post-soviétique dans lequel l'action se déroule - principalement de gauche à droite - tout au long du titre. De nos jours les temps ont changé et le simili-classique est transformé par la magie du marketing en un Metroidvania aux couleurs du Shinobi futuriste. Vous avez donc des portes colorées, des effets élémentaires, quelques zones à revisiter qui se débloquent au rythme des nouvelles capacités obtenues; rien de très spécial. Et pourtant, la formule fonctionne. Appliquée de manière particulièrement servile par Koji Oda - l'homme responsable des caméras de Resident Evil - et exécutée par le duo de studios formé par Double Helix Games et la succursale d'Osaka de Capcom; la mayonnaise prend aisément. Vous allez prendre plaisir à ouvrir petit à petit cet univers d'une beauté graphique des plus basiques. Le scénario d'une simplicité enfantine - il faut aller tuer Le Méchant car il l'est, décidément - vous emportera d'un prétexte à l'autre vers votre mission finale. Quand une formule aussi simple est appliquée de manière tellement peu ambitieuse, le résultat ne peut être que plaisant.

Plaisant, assurément, mais pas génial pour autant. La qualité principale du titre reste son gameplay emprunté aux opus précédents. Strider Hiryu bouge avec toute la vivacité que l'on est en droit d'attendre de lui. Ses mouvements, ses mimiques, sont tous inspirés par ses aventures sur PlayStation. (La première, sous-entendu, bande de philistins). Le problème n'est pas à chercher du côté du protagoniste : le vétéran sait ce qu'il fait. Suffit de le pointer dans la direction de l'action et le gars ferraille. Malheureusement, on se s'improvise pas en quelques instants créateur de cartes équilibrées dans le domaine du Metroidvania. C'est une discipline qui requiert des années d'expériences. Comptez que vous devrez vous farcir tout le jeu au moins deux fois pour débloquer le nécessaire et vous aurez une idée du type de techniques ici usitées pour rallonger la sauce. Qui devait par ailleurs leur sembler bien clairette; le jeu se termine en quatre heures. La progression, parfois, laisse dubitatif : tout passe par votre lame plasma. Et s'il est plaisant quelque temps de jongler avec l'une ou l'autre couleur; l'idée de devoir changer constamment de mode d'attaque avec la croix directionnelle tout en devant bouger au stick devient vite lourd. Pas insupportable pour autant, juste lourd. Rajoutez à tout ceci un ambiance sonore plombée par l'utilisation du très bien nommé Michael John Mollo et vous avez un titre agréable mais pas très profond qui aurait eu besoin d'un génie pour éliminer les quelques scories qui gênent encore son parcours.

Strider (2014) un jeu de Koji Oda développé par Double Helix Games et Capcom Osaka Studio publié sur PC, PS4, PS4, Xbox 360 et Xbox One en 2014. Musiques faiblardes de Michael John Mollo.

Ce Strider est dans la bonne moyenne des produits téléchargeables proposés à notre époque : joli, jouable et presque totalement dépourvu de personnalité.
Un jeu efficace, certes, mais qui nous prouve surtout que n'est pas Symphony of the Night qui veut. 

VERDICT : 7/10

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