Bioshock est de ces séries qui parviennent à s'imposer dès le premier jeu de par un univers prenant et original. Ce troisième épisode, Infinite, nous promettait de nous faire découvrir de nouveaux horizons en laissant Rapture pour Columbia. Les trailers étaient franchement très prometteurs, et le jeu très attendu. Alors, on s'envoie en l'air ou on côtoie les abysses ?
Avant d'aborder ce troisième volet, revenons rapidement sur ce qui fait la force de Bioshock : c'est avant tout son environnement, la ville sous-marine de Rapture. Une dystopie qui a plongé dans le chaos par la faute de ses élites, leurs égo, et leurs idéaux. L'ambiance de la cité agonisante est vraiment oppressante et implique émotionellement le joueur. Rapture se raconte et questionne au gré des trouvailles du joueur; comme une affiche, un enregistrement sonore, une gamine qui trifouille un cadavre. Le gameplay n'est pas incroyable, mais reste correct et donne un bon sentiment de puissance et de violence. Comme si l'avatar devenait aussi fou que cette ville et ses habitant. Et bien évidemment, personne n'a oublié les affrontements dantesques avec les big daddies, qui duraient souvent plusieurs minutes.
Mais oublions les fonds sous-marins et passons dans les nuages ! Car la première particularité d'Infinite, c'est de propulser le joueur sur la cité volante de Columbia. Contrairement à Rapture, on arrive ici dans un endroit coloré et vivant. Le dépaysement est donc total et on se prend volontiers à admirer le travail graphique sur cette ville durant la phase de découverte. Malgré un Unreal Engine 3 pas tout jeune, le jeu est véritablement superbe. Les passants sont très élégants, et n'ont pas la mauvaise habitude de vous mâchonner le visage. A vrai dire, on a plutôt l'impression que c'est l'avatar qui apporte le chaos dans cette ville immaculée. Notre héros, c'est Booker, et il débarque à Columbia pour ramener une certaine Elizabeth sur le plancher des vaches, et ainsi clôturer ses dettes. Cette dernière sera donc présente à vos côtés la majeure partie du jeu. Contrairement aux précédent opus, le joueur est donc plus dans un rôle de spectateur qu'acteur dans cette histoire. Une histoire d'ailleurs très alambiquée où se mêlent voyage dans le temps, l'espace et d'autres dimensions. Le tout reste très maladroit et les élements d'intrigue mal amenés. Comme une espèce de patchwork de fanfictions de collégiens où certaines situations sont carrément ubuesques. Mis à part le personnage d'Elizabeth, qui est intéressant de voir évoluer, on frôle l'encéphalogramme plat. Même déception du côté idéologique, où l'on passe d'un questionnement plutôt intéressant sur l'objectivisme et la religion à une morale complètement niaiseuse. Avec des bons gros sabots, on nous dit que le racisme et la guerre, c'est quand même pas ce qu'il y a de plus cool. Bioshock Infinite est désespérément vide.
Côté gameplay, ce n'est guère plus brillant. En lieu et place de l'exploration, on se contente d'avancer tout droit de couloirs à de grandes places. Bien évidemment chacune de ces dernières et l'occasion de nombreuses fusillades avec la maréchaussée (les bleus) et les rebelles de la Vox Populi (les rouges). Inutile de chercher à prendre parti, on se contente d'exploser tout ce qui bouge. Pour cela vous avez à votre disposition une panoplie d'armes assez fades et des plasmides vigueurs décevants. Cerise sur le gâteau, l'avatar ne peut transporter que 2 armes, une recharge de vigueur et une trousse de soin à la fois ! En échange, vous avez droit à une armure régénérante sortie d'on ne sait où. Du coup on passe son temps à se planquer en attendant qu'elle recharge, ou à chercher désespérement des munitions. Le rythme est vraiment poussif pour un FPS qu'on nous vendait très dynamique. Même avec l'aide d'Elizabeth, sous forme de munitions et de soins, on est toujours à court de quelque chose. Ça tient limite du survival. Même s'il est toujours permis de fouiller à peu près chaque objet que l'on croise. L'avatar évolue également très peu au fur et à mesure de l'achat d'améliorations quasi imperceptibles.
Les archétypes d'ennemis sont tout aussi plats que le scénario. L'astuce étant d'en avoir un rouge et un bleu de chaque pour astucieusement donner une impression de variété. Les adversaires passent le plus clair de leur temps à camper sur leur position et tirer dans la direction de l'avatar. De l'IA de haute volée. Quid des emblématiques big daddies ? Et bien ils sont remplacés par les Handymen, des gros bonhommes modifiés par de la belle mécanique. Ce qui était bien avec les big daddies, c’était le côté tactique des combats puisque, bien que résistants et faisant de gros dégâts, c’était au joueur d’engager le combat. S’ensuivait alors des duels épiques à base d’esquives et d’explosions. Pour les Handymen c’est juste la croix et la bannière : ils sont super résistants à toutes les armes, font monstrueusement mal et en plus se paient le luxe de bouger comme un avatar de speedrun. On passe donc le temps du combat à fuir en pleurant pour trouver une foutue trousse de santé et des munitions tandis que le handyman vous suit à la trace. Fort heureusement, il n’y en a que 3 dans le jeu. Et ce n’est pas une figure de style, il n’y en a vraiment que 3 dans tout le jeu ! Mais n'oublions pas le songbird, l'horrible oiseau mécanique qui s'évertue à ramener Elizabeth au bercail. Ses trop rares apparitions ne sont que de la mise en scène où on ne peut même pas l'affronter... Le rôle de seul boss du jeu a donc été attribué au fantôme de la mère d'Elizabeth venu spécialement d'une dimension parallèle pour l'occasion. Combat le plus laborieux de l'histoire du jeu vidéo.
Pour finir sur une bonne note, rien ne vaut une bonne chanson Disney :
Une énorme déception. Très loin d'égaler ses prédécesseurs, Bioshock Infinite reprend leurs lacunes et en ajoute plein de nouvelles. Le gameplay est poussif, le level design inexistant, et le scénario incohérent. Le héros fait ses petites affaires sans que l'on se sente impliqué plus que ça. Ne reste qu'un AAA sans saveur avec d'excellents graphismes et une très bonne patte artisitique, qui n'auront pas suffit à le sauver d'une explosion en plein vol. Mayday Mayday, on s'est écrasé !
Verdict : 4/10
Commentaires
Et je suis mille fois d'accord avec toi! Et merci bien! Même si je n'aurais pas mis une note aussi basse (pour l'univers et pour Elisabeth) je soutiens tes arguments et la sensation de déception qui m'a parcouru à partir en gros de la moitié du jeu, quand cela devient VRAIMENT répétitif et que BioWare abandonne l'idée de nous raconter une histoire pour nous faire enchaîner les gunfights. Et ne parlons pas de la fin.....
Bref, un jeu qui vaut ses dix premières heures, mais c'est tout.
Pas mieux ... et d'ailleurs c'est à peu près le temps que j'ai tenu avant de lâcher l'affaire (10 heures)
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