Coeur de Gamer : Fighting Spirit

Les parents et les professeurs l’apprennent à leurs enfants : copier, c’est mal. Faut-il en déduire que beaucoup de développeurs sont de sales garnements ? Dès qu’un jeu apportant des idées originales ou un nouveau type de gameplay rencontre le succès, nous pouvons être certains de voir arriver des clones, le plus souvent fait dans la précipitation, afin de tirer profit de la hype.

Dans les années 90-2000 on appelait ces jeux des like, en rapport au jeu originel dont il s’inspirait. Doom-Like ou Warcraft-like par exemple. Il est intéressant de noter que ce terme a totalement disparu aujourd’hui, preuve que la copie de genre est totalement rentrée dans les mœurs du jeu vidéo. Le débat sur la création de nouveaux gameplay est pertinent, mais là ne sera pas mon propos.

C’est ainsi que le phénomène Street Fighter 2, bien que n’étant pas précurseur du genre (d’autres excellents titres comme Yie Ar Kun Fu ou International Karaté + avaient été développés auparavant), a engendré une multitude de clones. Chaque éditeur voulait une part de ce délicieux gâteau qu’est le jeu de combat. Parmi ceux-ci, je désire rendre hommage à un titre qui est très peu connu : Fighting Spirit.

fighting spirit gajet vs vortz
Duel entre les deux catcheurs. 

 

« Vos papiers d’identité, s’il vous plait » :

En 1992, la société japonaise Jaleco sort son Final Fight-like pour la Super Nintendo avec Rival Turf, connu également sous le nom de Rushing beat au pays du soleil levant. Un an plus tard, il récidive dans la copie des productions Capcom avec sa proposition de jeu de combat type versus fighting. Au Japon, le titre est nommé Dead Dance. En Europe, ce sera Fighting Spirit : Tuff E Nuff et aux Etats Unis Tuff E Nuff tout court, me semble-t-il.

A noter que Tuff E Nuff est un jeu de mot avec tough enough, qui signifie « suffisamment dur », dans le sens endurci, fort. Et même s’il a tout fait pour se pour se faire connaître avec ces trois noms, je dois être l’un des rares à m’en souvenir et surtout à l’aimer ! D’ailleurs, je ne me rappelle pas l’avoir vu en test dans les pages de Consoles + ou Joypad. C’est malgré tout grâce à une publicité dans ces mêmes magazines que j’ai connu son existence. De jolis graphismes, certainement une photo d’un coup spécial bien classe et voilà, le marketing a fonctionné !

fighting spirit snes
La version Européenne

 

Tuff & nuff super nes
Le nom US ? mais y a écrit PAL ? Je ne comprend plus...

 

dead dance super famicom
Là c'est bien le nom et la version asiatique

 

« Here comes a new challenger ! »

Alors que j’avais déjà bien écumé le fabuleux Street Fighter 2, je me suis fait offrir Fighting Spirit. Le jeu m’accueillit avec un logo Jaleco et me prouva qu’il en était très fier puisque il le prononça haut et fort. L’intro situe rapidement le déroulement du jeu dans un futur urbain et totalement en ruine, où règne la loi du plus fort. Musique sympa, des punks qui montrent leurs belles coiffures à l’écran, quatre héros (oui seulement), le ton post-apocalyptique du jeu était donné. « Ce jeu à un petit background me disais-je à l’époque, c’est un bon point de savoir pourquoi je vais me battre ».

Au menu rien que du classique : le mode Histoire qui propose une succession de combats jusqu’au boss final. Je dois avouer que les dialogues post et pré combats n’ont pas été intégrés dans la version européenne, mon fameux background en a pris un coup….  Enfin, le mode Versus permet d’affronter la console ou un pote. Mais laissez-moi vous présenter les quatre combattants jouables que Jaleco a généreusement codés : Sioh, le beau brun qui affiche son air déterminé sur la jaquette. Zazi (un hommage caché à la longiligne chanteuse ?) le chauve, qui est un clone de Sioh (oui comme Ryu et Ken, c’est incroyable). Kotono, la petite nana de la bande avec ses kunai et Vortz, le catcheur blond russe. Ah non, pardon, il est hollandais ! Mais même si j’ai été effectivement déçu du faible nombre de castagneurs et de coups disponibles (attaques faibles ou fortes pour les pieds et les poings ainsi que trois coups spéciaux maximum)  cela ne m’a jamais empêché de prendre du plaisir et de lancer très fréquemment une partie.

Jaleco a par contre eu la bonne idée de donner l’illusion que notre guerrier gagne en puissance car au bout de quelques affrontements, les coups spéciaux jouissent d’effets graphiques de plus en plus impressionnants. J’emploie le terme illusion car concrètement, il n’y a aucun gain de dégâts. Cette idée toute simple donnait cependant un côté attachant au quatuor.

Fighting sipirt sioh
La boule de feu au début du jeu
(au milieu d'un décor qui m'évoque des coeurs de céleri en conserve...)

 

fighting spirit zazi vs jade
Zazi le clone, lance son ultime boule de feu. Classe quand même !

 

« Je le préfère même à Street Fighter 2 »

J’assume cette phrase puisque je l’ai prononcée à mon cousin auquel je décrivais le jeu par téléphone. Je reconnais m’être un peu enflammé, mais c’est ça l’attrait de la nouveauté ! Premièrement, les graphismes des personnages sont soignés, avec de gros sprites à l’écran, même si la qualité de l’animation ne vaut évidemment pas celle de Street Fighter 2. On ressent qu’il manque certaines étapes lors de l’exécution de certaines attaques. Même mon oncle, qui n’est pas un gamer me l’avait fait remarquer : « il est moins bien fait que l’autre (Street Fighter 2), les coups rendent moins bien. ». Mais non il est très bien ce jeu, arrêtez enfin ! Comment ça certains décors de stage sont un peu vide également ? Arguments futiles !

Car ces lacunes étaient contrebalancées par l’originalité de chacun des six « lieutenant » du boss final. Je me rappelle de Bean, le punk avec ses chaussures en fer ou encore Dolf, le soldat libyen armé d’un couteau et d’un bazooka. Mention spéciale également à K’s (est-ce un hommage précurseur au groupe belge K’s Choice et son tube « Not an addict » ?) un grand blond armé de bras bioniques chargés d’électricité. Jade, le boss de fin m’a également marqué. Son corps est protégé par une armure et est entouré d’une aura électrique au début du combat. Presque chacun de ses coups, même les attaques de base sont des coups spéciaux ! Le duel se déroule au sommet d’une tour frappée par un violent orage. Un vrai bon boss de fin, même s’il n’est pas forcément difficile à vaincre.

Et au milieu de ses fous furieux, il y a Rei, un jeune « moine » chaussé de geta, des chaussures traditionnelles japonaises en bois. Lui aussi dispose d’une palette offensive et défensive impressionnante. Son rire enfantin lorsqu’il remporte un combat m’a interloqué, car il m’apparaissait en décalage avec la formidable puissance que je lui prêtais du fait de ses nombreuses attaques. Son stage nommé wooden floor est une merveille. Une statue de bouddha est entourée de dizaines de bougies diffusant de la fumée, le tout baignant dans une lumière chaude et apaisante. Et quelle musique, elle aussi douce et harmonieuse ! 20 ans après, je la garde toujours en tête.

D’une manière générale, l’ambiance sonore, et notamment les mélodies sont de très bonne facture. La musique du stage de Bean, le punk, est très entrainante, car son rythme s’accélère petit-à petit. Celle de l’affrontement final contre Jade est  totalement survoltée et donc en parfaite adéquation avec l’ambiance de fin du monde de ce stage. Et si les bruitages lors des impacts des coups sont moyens, les combattants annoncent évidemment leurs coups spéciaux, et ont pour la plupart leurs cris de victoire à la fin. A l’époque ces voix digitalisées me marquaient énormément, car encore peu fréquentes.

fighting spirit zazi vs jade
"Aaargh mon poing s'enflamme; ça brûle !"

 

« Il doit bien y avoir une manipulation pour débloquer ces combattants ?! »

C’est donc la frustration ne pas pouvoir incarner ces boss qui a fait entrer Fighting Spirit dans ma légende personnelle. Combien de temps ai-je passé à essayer de trouver une méthode pour les débloquer ? J’ai essayé tout un tas de combinaisons avec la manette lors de l’apparition du logo  puisque le jeu est en partie pompé sur Street Fighter 2, alors il doit y avoir un cheat code caché à ce moment » me disais-je). Un système de sauvegarde à base de mot de passe étant proposé, je m’employais consciencieusement  à rentrer n’importe quoi. Parfois mon code marchait et j’arrivais en plein milieu du jeu, mais jamais je n’ai réussi à débloquer les boss. J’étais résigné. Adieu mon rêve d’incarner Rei ou Jade.

Et puis quelques mois après, pendant mes vacances d’été en famille, alors que je parcourais la rubrique trucs et astuces du magazine Consoles +, je vis le nom du jeu ! Mon cœur s’emballa, mon espoir renaquit. Fébrilement mes yeux se posèrent sur les quelques lignes.

Et puis …la délivrance, la victoire, la joie : un cheat code pour débloquer les boss existait bel et bien ! Il fallait faire tout simplement, lors de l’écran de sélection du mode de jeu, 3 fois gauche, puis 3 fois droite et enfin 7 fois gauche. En appuyant ensuite sur start, une explosion confirmait la validité du code. Et même si les 7 fantastiques n’étaient jouables qu’en mode Versus, j’étais fou de joie !  Mais également encore une fois frustré car je me trouvais à des centaines de kilomètres de ma Super Nintendo. Je n’avais qu’une envie : que les vacances se terminent, lancer le jeu et  essayer des quarts de cercle dans tous les sens afin d’effectuer les coups spéciaux de chacun d’eux !

fighting spirit Dolfs vs Sioh
Je crois que j'ai lancé mon bouclier trop tôt, la roquette va faire mal !
 

 

Récemment j’ai parcouru Internet afin de voir l’impact que ce jeu a laissé. Apparemment je suis vraiment le seul fan de ce jeu ouvertement déclaré. Les rares avis que j’ai lus sont plutôt négatifs. Peu, m’importe, Fighting Spirit – Tuff E Nuff – Dead Dance est donc l’un de mes petits plaisirs personnels. Si vous voulez voir un aperçu du jeu, j'ai uploadé 3 vidéos d'extraits de mes combats contre Bean, Rei et Jade.

Dernière anecdote : lorsque j’ai découvert l’existence d’émulateurs, il fut l’un des premiers que j’ai téléchargé. Avec son modèle Street Fighter 2, évidemment. Hélas, le cheat code ne fonctionne pas sur émulateur, et je n’ai pas approfondi le sujet pour savoir s’il était possible de débloquer Rei et ses amis. Si quelqu’un connait la réponse, il aura ma reconnaissance éternelle.

Auteur : Steve Formento

Chroniqueur
Steve, alias Stibi. Comptable et passionné de jeux vidéos depuis une petite trentaine d'années. Tout a commencé avec un Amstrad CPC, puis une Master System et la Super Nintendo. Football Manager m'a ensuite happé et je suis resté exclusivement sur PC jusqu'à la sortie d'Heavy Rain. Il me fallait une PS3. Il me faudra tous les jeux de Quantic Dream de toute façon, je me le suis promis. A travers la rubrique Cœur de Gamer, je souhaite mettre en valeur le ressenti personnel sur un jeu en particulier à travers nos souvenirs marquants, peu importe si au final le jeu fut apprécié.

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