Crusader Kings II

Crusader Kings II

Connu des amateurs de grande stratégie historique, Paradox Interactive nous avait habitués à produire des jeux riches mais pour la plupart avec un goût d'inachevé, comme les Hearts of Iron, la série des Victoria ou encore des Europa Universalis. Les développeurs suédois ont-ils finalement appris de leurs essais précédents ou ont-ils continué dans leur lignée ?

Comme son nom l'indique, Crusader Kings II se déroule à l'époque qui vit la naissance des croisades, le Moyen-âge. Le jeu s'étend sur une période comprise entre 1066 et 1453 pour le jeu de base, et à partir de 867 pour les possesseurs du DLC Old Gods, ce qui fait de lui, chronologiquement, le premier de la série des wargames du studio (Europa Universalis IV et ses extensions allant de 1444 à 1821 suivi de Victoria II pour la période 1835 à 1936 et enfin Hearts of Iron III s'étendant de 1936 à 1948). Le studio, au travers de ces quatre jeux, nous permet de parcourir près de 1100 ans d'histoire.

Crusader Kings II, contrairement aux trois autres jeux, est principalement centré sur l'Europe, le nord de l'Afrique et le Moyen-Orient. Ce choix de zone plus restreinte s'explique par la volonté du jeu de se détacher de ses semblables en se concentrant principalement sur les personnages. Que vous commenciez en tant que comte ou empereur en passant par duc ou roi, votre but premier sera d'assurer la survie de votre dynastie. De cette idée va découler tout le déroulement de la partie. Chaque personnage va acquérir ou perdre des traits le caractérisant que ce soit par les actions qu'il entreprendra ou par l'éducation qu'il aura reçu. Choisirez-vous d'éduquer vous-même votre enfant ou l'enverrez vous chez un autre personnage dans le but d'obtenir ses faveurs ? Préférerez-vous épouser la fille d'un personnage influent dans le but d'une alliance ou d'une famille sans possession mais dont les traits pourront améliorer votre lignée ? Vous et votre famille serez ainsi les instruments directs de votre politique d'expansion et de pérennisation.

Qui dit stratégie dit bataille. Contrairement à un Medieval Total War, vous n'aurez pas le contrôle direct de votre armée durant le combat, ceux-ci se résolvant automatiquement dès que deux armées ennemies se rencontrent. Vous contrôlez donc le déplacement de vos troupes sur la carte, déplacement qui peuvent se transformer en course poursuite quand une armée n'arrive pas à rattraper l'autre, ressemblant parfois à un sketch du Benny Hill. Seul le choix des trois commandants de votre armée (deux pour chaque flanc et un pour le centre) influencera les tactiques utilisées, le terrain donnant quand à lui des bonus à l'armée défendante. Une fois le terrain libre, il vous faudra l'occuper un certain temps en prenant les diverses places fortes le peuplant. Une fois ces tâches accomplies, vous pourrez prétendre à appuyer vos revendications. Ne croyez pas cependant que vous pourrez guerroyer à tout va. Ici tout se fait dans les règles et il vous faudra un casus belli pour pouvoir attaquer vos voisins. Pour ce faire, votre chancelier pourra vous aider à fabriquer ces revendications. Une autre méthode plus directe est de vous en prendre à des ennemis d'une autre confession religieuse, personne d'autre n'y voyant rien à redire.

Comme il se doit pour un jeu se déroulant au Moyen-âge, la religion joue un rôle prédominant. Pour les musulmans (jouables avec le DLC Sword of Islam), vous devrez faire face à la décadence de votre dynastie. Vous pourrez la combattre en effectuant des pèlerinages à la Mecque, en donnant des terres aux membres de votre famille ou encore en appelant au Jihad face aux infidèles. Vous pourrez également, contrairement aux dirigeants catholiques, posséder plusieurs femmes. Les païens (jouables avec le DLC Old Gods) doivent quand à eux régulièrement entrer en guerre ou effectuer des raids au risque de voir leurs vassaux se révolter. Les prisonniers pourront ensuite être sacrifiés pour leurs dieux et les prisonnières prises comme concubines. De plus, en capturant certains lieux sacrés, les païens pourront réformer leur religion, les rendant plus résistants face aux conversions. Les chrétiens devront, eux, rester en bons termes avec l'autorité religieuse au risque de voir les ressources récoltées par les évêques leur passer sous le nez. Si cette relation se dégrade de trop, le dirigeant pourra être excommunié, devenant la cible privilégiée de tous les chrétiens environnants. Et, bien entendu, le temps venu, le pape pourra faire appel aux seigneurs chrétiens pour participer à des croisades contre les infidèles.

La diplomatie joue un rôle tout aussi important que la religion. Outre vos relations avec vos voisins, vous devrez également gérer les personnes sous votre pouvoir, société vassalique obligeant. De manière pratique, leur opinion sur vous est décrite par une échelle allant de -100 à 100. Pour gérer cela, vous pourrez accéder, par le biais d'une fiche de personnage, à diverses options. Afin d'amadouer d'autres personnages, vous pourrez leur offrir des cadeaux, des titres honorifiques ou encore des terres. Pour les plus récalcitrants d'entre eux, la prison ou l'assassinat seront parmi vos derniers recours. Attention toutefois à ne pas tomber dans la tyrannie au risque de voir vos vassaux se révolter contre vous. Au final, vous devrez faire preuve d'un certain équilibre dans vos actions si vous ne voulez pas voir votre pouvoir s'écrouler. Les amateurs de stratégie les plus pointus risqueront peut-être d'être déçus par la gestion des lois ou encore de la technologie. Ce choix s'explique par la volonté du studio à coller le plus possible à l'époque exploitée ici. La vassalité force les dirigeants à devoir composer avec ses sujets directs et donc l'empêche de changer ses lois comme il le veut. Idem pour la technologie qui évolue lentement, à l'instar de ce qui se passa au Moyen-âge. Pour les joueurs voulant en apprendre un peu plus sur les personnages ayant réellement existé, un lien vers Wikipedia permet d'accéder directement à leurs biographies, fonction certes gadget mais toutefois appréciable.

Du point de vue technique, le jeu, sans être spécialement impressionnant, reste agréable pour un titre de ce genre. L'interface, quand à elle, est quasi exemplaire. Très claire et efficace, elle permet d'accéder rapidement aux informations importantes sans devoir passer par une multitude de fenêtres et de tableaux. Presque entièrement paramétrable, vous pourrez choisir d'associer des alertes aux événements que vous jugez important.  Les divers filtres applicables à la carte vous donneront, quant à eux, des informations globales d'un simple clic tout en vous permettant de continuer vos actions. Attention par contre à l'excès de sauvegarde, la taille de celles-ci pouvant facilement dépasser les 100Mo, le nombre de personnages dans le jeu grandissant. La bande-son colle parfaitement à l'ambiance, entre ses flûtes, trompettes et divers chœurs, les bruitages restant par contre en retrait.

Dans les points noirs, nous pourrons noter un didacticiel n'aidant pas particulièrement à entrer dans le jeu, la quantité d'information donnée par simples bulles de texte risquant de décourager les débutants. Le principe du jeu pourrait également en rebuter, ou en tout cas en déconcerter certains. Le jeu ne possède aucun objectif fixé : c'est au joueur de choisir ce que sera sa partie. Enfin, le titre, déjà très complet dans sa version de base, s'est vu prolongé par une série de DLC dont certains (cosmétiques ou d'ajout de musique) auraient mérités d'être offerts ou en tout cas inclus dans des DLC véritablement intéressants.

Quoi qu'il en soit, Paradox tient ici un titre qui peut être considéré comme son chef d'œuvre, l'aboutissement de tous ses tâtonnements passés. Presque exempt de défauts, le titre du studio suédois brille par sa complexité. Celle-ci ne doit cependant pas décourager les nouveaux joueurs car ils pourront découvrir un jeu d'une rare richesse, d'une rejouabilité quasi infinie et dont chaque minute d'investissement vaut le coup. Si, à cela, on ajoute la possibilité de profiter du jeu avec un mode multijoueur pouvant regrouper jusqu'à 32 personnes et l'existence d'une communauté de moddeurs très active (les mods tirés de Game of Thrones et de The Elder Scrolls étant les plus impressionnants),  vous aurez vite compris que nous avons affaire ici à un petit joyau qu'il serait bien dommage de laisser passer.

Verdict : 9/10

Crusader Kings II est édité par Paradox Interactive et développé par Paradox Development Studio. Il est sorti sur Windows le 14 février 2012. Il est également disponible sur Mac OS depuis le 24 mai 2012 et sur Linux via Steam depuis le 14 janvier 2013.

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Commentaires

Portrait de Adrien Martel

Tu m'as doné envie...

Portrait de Guillaume Jolly

Pareil qu'Adrien, j'ai mis le jeu dans la liste de souhait Steam.

J'ai déjà de quoi faire, mais si je choppe une bonne promo, je pourrais me laisser tenter :)

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