Chaque année, Cannes est le théâtre d'un rassemblement à succès, placé sous le signe du divertissement. Je ne parle pas du Festival du Film, qui dispose évidemment de sa petite notoriété, mais bien du Festival International des Jeux de Cannes qui, lui aussi, attire foule.
Quid du bilan de cette édition 2015 ?
Le Festival International des Jeux de Cannes, alias le FIJ, est un événement qui se déroule chaque année, de fin février, à début mars. Depuis 1986, Il convie les passionnés de jeux en tout genre et promet une belle expérience à chacun puisqu'il rassemble, durant 3 jours, une grande partie de l'univers ludique, il y en a pour tous les goûts. Cette année le FIJ nous a donné rendez-vous du 27 février au 1er mars, dans un salon réaménagé, avec un étage supplémentaire, mais aussi une sécurité accrue (on peut comprendre au vu des récents événements).
Au programme, des jeux, des jeux, des jeux à profusion. Un espace jeux vidéo, un espace jeu de plateau et enfin, un nouvel espace consacré à la "Famille", rassemblant certains jeux de société et ceux destinés au plus jeune âge. Une compétition, « l'As d'Or », sur laquelle je reviendrais plus loin *, trois soirées "OFF" pour les exposants ainsi qu'un espace presse et pro dédié, des tournois pour le public, la diffusion de compétitions e-sport, la possibilité de tester toutes sortes de jeux, même à l'état de prototype. Le salon a même proposé un loto géant, réunissant 820 participants pour un total de recettes de 22 000€. Ces recettes seront reversées à l'association Adrien, qui soutient les enfants confrontés à la maladie.
Environ 150 000 personnes se sont déplacées au Palais des festivals cette année pour rencontrer quelques 300 exposants. Près de 10 000 compétiteurs se sont affrontés durant les tournois, 300 auteurs de jeux étaient présents, certains pour participer notamment au premier Speed Dating spécial Auteurs/Éditeurs. Comme les années précédentes, le salon ne s’essouffle donc pas et l’affluence témoigne toujours de l’intérêt du public pour ce rendez-vous ludique. Je me rends au FIJ depuis mon adolescence, c'est un événement que j'ai toujours apprécié, mais je m’étonne toujours d’y voir autant de monde, et un public si varié. J’ai vécu les deux précédentes éditions un peu différemment puisque par le biais du Master MAPI/MAJE (Management de Projets Innovants dans les Jeux vidéo), nous tenions un stand sur l'événement *. Mais cette année, j'ai pu de nouveau profiter pleinement du salon et je me suis terriblement amusée.
Parmi les nouveautés, j'aimerais revenir plus particulièrement sur le nouvel espace "Famille", situé à l'étage. Je l'ai trouvé bien pensé, et il a sans doute permis de rassembler un peu les "publics" par zone. Tout n'est pas encore parfait, et les déplacements restent toujours épiques aux heures d'affluence. Une impression qu’un bon nombre des personnes interrogées partage. Loïc, qui est venu avec ses filles, a apprécié l’espace dédié mais regrette toujours l’affluence sur les tables de jeux. David quant à lui n’a pas eu la patience d’attendre pour jouer à Dixit (un bel espace lui a été consacré cette année).
Le FIJ est le plus important salon consacré au divertissement, au sein duquel on peut réellement tester les jeux, mais en effet pour être assuré de faire une partie, il faut se lever tôt ou s’armer de patience... les tables sont vite remplies ! Et l'on ne peut pas dire que la patience étouffe les enfants. Mais il y a de nombreux éditeurs, stands, de quoi satisfaire plusieurs générations et se distraire en attendant son tour. Des jeux longs (2/3 heures de partie), des jeux très courts (5 minutes), des jeux en solitaire ou à plusieurs, des jeux de construction, d’énigmes, d’adresse, et même des combats à l’épée, il y en a pour tous les goûts. On pouvait également visiter un très grand stand dédié au GN, alias « Grandeur Nature » pour se fournir en vêtements, armes et accessoires médiévaux ou encore elfiques, en vue d’un de ces événements où l’on prend plaisir à redevenir un enfant. D’ailleurs, parmi le public on a pu croiser de nombreux cosplayeurs (dédicace à la personne qui a cosplayé Cartman) et même R2D2 se baladait sur le salon.
Tout ce monde a sans doute été un peu déçu de voir que de nombreux stands de goodies et mangas ont disparu cette année, et qu'il n'y avait plus vraiment de quoi acheter des geekeries en tout genre. Adieu peluches, t-shirts, accessoires et jeux retro, mais quelle est la raison de cette absence ? La question reste entière.
Parlons peu, parlons jeux et ceux que l’on a pu essayer cette année.
Des jeux de plateau, des jeux vidéo ou des hybrides, et même du sable magique. Vous n’avez jamais entendu parler du sable cinétique ? Et bien cette merveille (très douce au toucher), permet de construire très facilement ce que l’on veut grâce à son effet pâte à modeler. Et en plus, il paraît qu’il serait hypoallergénique… Le futur de nos bacs à sable ? Il a en tout cas conquis le jeune public présent sur le salon et le stand ne désemplissait pas.
J’ai ensuite pu confirmer que je n’étais pas très douée pour les jeux de rythme, sur une machine de type jubeat :
Enfin… C'était de la J-Pop, c'était un peu rapide... Il faut un certain niveau. Non non, je ne cherche pas à minimiser ma nullité !
Parmi les jeux testés j’ai fort apprécié Egomaster, un jeu de société à la croisée entre Trivial Pursuit et Poker. Un de ses créateurs, David Perez, a animé nos parties et testé nos connaissances sur des sujets variés : cinéma, cuisine, géographie, histoire, musique... Le concept est sympa, on parie sur la réussite/l’échec de ses adversaires à répondre à des questions de culture. On peut également répondre aux questions en duel ou en multi avec ses adversaires, à qui sera le plus rapide ou le dernier à avoir une proposition à donner.
On a aimé aussi les jeux de l’éditeur « Le Scorpion Masqué », proposant des concepts simples mais pour lesquels il faut être un bon tacticien pour gagner, comme Vendredi 13.
Les soirées OFF, organisées à la fermeture du salon ont été le théâtre de nombreuses activités. 3000 personnes se sont retrouvées pour partager et jouer. Notamment des repas ludiques (on ne joue pas vraiment avec la nourriture, celle-ci termine bel et bien dans les estomacs) avec des expériences marrantes à tester avec ses collègues. Les exposants/invités pouvaient donc établir un campement autour des tables de jeux pour s'amuser jusqu'au petit matin.
N’hésitez pas à visiter le site de Ludovox, qui a couvert le salon dans ses moindres recoins.
As d'Or et Prix LIDJA : Les jeux à l'honneur
Depuis 1988, à l'image d'un Festival du film, les jeux reçoivent eux aussi leur récompense. « L'As d'Or », un prix remis juste avant le FIJ et décerné aux meilleurs jeux de l'année, dans plusieurs catégories.
L'As d'Or peut être considéré comme un label, un gage de confiance pour le public en quête de fun. C'est un jury, composé d'afficionados de jeux, qui teste et détermine quels jeux méritent un prix. Les récompenses sont remises juste avant le fFestival pendant un Cocktail d'Or d'ouverture organisé par Cocktails games. Une rétrospective des sorties de l'année autour d'un dîner, ambiance ludique et conviviale. Les gagnants de l'As d'Or dans les catégories "Jeu de l'année", "Jeu de l'année Enfant", "Grand Prix" et "Prix du Jury" profitent d'une belle promotion pendant les trois jours.
Martin Videberg, dessinateur ("l'Actu en Patates"), professeur et jury pour l’As d’Or a joliment illustré la compétition. Ses strips étaient affichés au 1er étage du salon. Découvrez le compte-rendu de sa semaine ludique.
Cette année le jury était également composé de :
- Sarah Doraghi, Chroniqueuse sur France 2,
- Héléne Graveleau, rédactrice en chef du mensuel Plato,
- Marcus, journaliste et présentateur spécialisé jeux vidéo,
- Monsieur Phal, fondateur de Tric Trac et au jury depuis 2003,
- Michel Van Langendonckt, professeur et militant ludique,
- Léonidas Vesperini, rédacteur en chef de plusieurs magazines jeunesse
- Catherine Watine, psychologue, ludologue, consultante et chargée de cours en jeu vidéo,
Quant aux candidats et vainqueurs de cette année, je vous laisse découvrir les jeux sélectionnés et récompensés par le jury :
Colt Express de Christophe Raimbault (Ludonaute)
La chasse aux Gigamons de Karim Aouidad et Johann Roussel (Elemon games)
Five tribes de Bruno Cathala (Days of wonder)
Loony Quest de Laurent Escoffier , David Franck illustré par Paul Mafayon (Libellud)
Perlin Pinpin de Miranda, Madeleine, Denise et Max Evarts (Cocktail games)
Le lièvre et la tortue de Gary Kim (Purple Brain)
Minivilles de Masao Suganuma (Moonster games)
Abyss de Bruno Cathala et Charles Chevallier (Bombyx)
Héros à louer de Kuro (Iello)
Parade de Naoki Homma (Filosofia)
Splendor de Marc André (Space cowboys)
Deus de Sébastien Dujardin (Pearl Games)
Dead of Winter - à la croisée des chemins de Isaac Vega et Jon Gilmour (Filosofia)
A noter que l’annonce du prix de Loony Quest a été une surprise, même pour les auteurs et l’éditeur, puisque le jeu n'était pas dans la liste des sélectionnés, et n'est d'ailleurs pas encore sorti. Une jolie récompense du jury pour un jeu qui vaut le détour.
Cette année s'annonce exceptionnelle pour les jeux labélisés "As d'Or", cette récompense peut les propulser vers le succès puisqu'ils sont accompagnés et participeront à d'autres salons/manifestations tout au long de l'année. On a d'ailleurs retrouvé au FIJ cette année "Concept" un jeu sympathique qui avait gagné un "As d'Or" en 2014.
En parallèle de l'As d'Or, les Prix LIDJA ont également été remis le 27 Février par La Ligue Intégriste Des Jeux d'Ambiance *.
Jetons un œil aux différentes récompenses remises :
- Le Prix Anthume, qui récompense un auteur, et qui revient à Hervé Marly (Loups-garous de Thiercelieux, Petits Meurtres et Faits divers, Le jeu du Fictionnnaire, Skull)
- Le Prix Jeune-Pousse, qui récompense les jeunes espoirs, Wilfried Fort et Marie fort, membres du CAJO.
- Le Prix Meilleure Soirée LIDJA-approved, qui revient au MIPEUL et leurs soirées Game Jam.
- Le Prix d’Encouragement, pour Witness, d’Ystari
- Le Prix de l’Ânerie, qui récompense selon la LIDJA « la vraie boulette éditoriale et/ou le truc qui nous fait pouffer comme des gorets. », le prix revient à la couv' d'Agricola - France
- Le Prix Spécial de l'Ânerie : attribué à Inflatable Cock Fighting, les images parlent d’elles-mêmes…
Des étudiants présentent les jeux vidéo de leur cru
Le salon est une belle exposition de l’univers ludique et tente d’en présenter les nombreux aspects. C’est pourquoi chaque année, on peut également noter la présence d’écoles et formations, venant expliquer comment on crée les jeux. Le FIJ accueille d’ailleurs un stand consacré aux étudiants de la formation MAPI/MAJE, un Master en Management de Projets Innovants dans les Jeux vidéo, qui se tient à Cannes. Pour ces futurs créateurs de jeux, c’est une vitrine qui leur permet de présenter des prototypes de jeux, sur lesquels ils ont travaillé plusieurs mois durant leur formation.
J'ai eu l'occasion de tenir ce stand à leur place les deux années précédentes puisque je suis une ancienne de ce master. Cette année j'ai pris plaisir à y assister de nouveau en tant que spectatrice. Les projets qui ont été présentés sont excellents, et ils ont rencontré le succès qu'ils méritaient. Un monde fou a défilé devant le stand durant les trois jours. Des gens bien patients attendant leur tour pour tester les différents jeux, des journalistes interviewant les étudiants, (des articles leur ont d'ailleurs été dédié), c'est le début de la gloire ! Cinq prototypes étaient à l'essai, sur lesquels les étudiants ont travaillé en équipe pendant 4 à 5 mois et qu'ils ont été très fiers de présenter cette année. Revenons sur ces différents projets innovants, tantôt par la technique, tantôt par leurs mécaniques de jeu.
Fast Sight
L'eye-tracking vous connaissez ?
Et bien pour le projet Fast Sight il s'agit d'un élément de gameplay. En effet, vous devez guider une sphère dans un parcours la menant jusqu'à Ameh le Golem. Mais votre chemin est semé d'embûches, que vous devez éviter ou détruire grâce à la technologie de l'eye-tracker. Fixez un obstacle et vous pourrez le détruire, balayez le décor du regard pour repérer des cristaux qui vous donneront un bonus de vitesse. Mais attention, car certains cristaux sont des pièges et vous attirent sur les côtés.
Le parcours est généré de manière procédurale (c'est à dire de manière aléatoire), des spécificités du niveau changent à chaque nouvelle partie. Un proto bien addictif présentant la technologie de l’eye-tracking de Tobii.
Je n’ai malheureusement pas fait preuve de grand talent sur mes quelques run mais j’ai pu tester le mode multi et affronter une jeune fille très douée ( elle a d’ailleurs obtenu le meilleur score de tous les joueurs de Fast Sight : 49568 ). Le mode multi est fort sympathique : vous affrontez votre adversaire en jouant Ameh le Golem ou Sares la Sphère. Empêchez la sphère de vous atteindre en lui balançant des projectiles ou essayez d’atteindre le golem en évitant ses lancers. Une variété appréciable apportée au gameplay.
Evazion
Envie de prendre un peu de hauteur ?
A l’aide de la technologie Leap Motion, dirigez un papillon origami dans plusieurs univers plus psychés les uns que les autres. Poésie, gif animés, musique envoutante, quelques ingrédients secrets et vous voici transportés dans Evazion. La file d’attente pour tester le prototype n'a pas désempli, les images diffusées et la mise en lumière du stand attirant l’œil, le succès fut donc au rendez-vous. De quoi satisfaire l’équipe qui s’est donnée à fond pendant les quelques mois de la production.
Les porteurs du projet feront leur apparition dans un reportage spécial du JVJD , Fred Moulin s’est une fois de plus déplacé au Festival et il s’est intéressé de près aux projets du Master MAJE.
Invisi’ball
Saurez-vous retrouver la sortie de ce labyrinthe invisible ?
Dans ce jeu disponible sur tablette et PC vous devrez guider Marty, la boule de peinture, jusqu’à la sortie. Lorsque vous touchez, un mur celui-ci apparaît grâce à la couleur. Vous pouvez ainsi vous guider jusqu’à la sortie du labyrinthe. Mais dépêchez-vous, le temps est compté.
Le FIJ est un endroit idéal pour faire du « playtest », c’est-à-dire proposer son projet au public et évaluer les retours qui sont faits. Ainsi, à l’aide d’un questionnaire, les différents groupes ont pu faire évaluer leurs projets par les testeurs du salon. Le panel est très large, idéal pour obtenir des avis variés et de nouvelles idées.
Intrinity
Une tablette, des figurines disposant d’un socle « NFC » et c’est parti, lancez-vous avec vos amis à travers quatre jeux ! Evitez la lave, détruisez des cibles, et déverrouillez l’entrée pour affronter le terrible boss d'Intrinity. Les étudiants étaient fiers de présenter leur travail et les figurines au public, de nombreux enfants (mais pas que !) s'étaient rassemblé autour de leur table.
Les figurines et leur association avec les jeux, notamment les jeux vidéo, séduisent le public. L’essor de l’impression 3D donne de nombreuses idées qui devraient vite être exploitées.
Contact
M.A.D.E
Vous vous demandez si votre binôme fonctionne bien ? Testez vos capacités de coopération sur M.A.D.E, un jeu, placé sous le signe du serious game, pour tester et améliorer sa coopération et communication avec son équipier.
Deux phases de jeu se succèdent pour mettre à l’épreuve votre esprit d’équipe. Dans un premier temps, vous devrez gérer votre vaisseau et créez des ressources en temps limité. Vous devrez ensuite détruire vos ennemis en duo (un joueur tire verticalement et l’autre horizontalement) à l’aide des munitions et bombes créées dans la première phase.
Contact
Le stand du master MAPI/MAJE a donc fait son petit effet à ce Festival International des Jeux de Cannes, les étudiants ont pu démontrer leur talent par le biais de ces projets en équipe. Pour en savoir plus sur la formation, n’hésitez pas à contacter les étudiants via facebook.
Rendez-vous l’année prochaine du 26 au 28 février 2016 pour fêter les 30 ans de ce Festival International des Jeux de Cannes, qui nous réserve certainement de nombreuses surprises !
Sources :
http://http//www.trictrac.net/
http://vidberg.blog.lemonde.fr/2015/02/09/les-jeux-selectionnes-pour-las-dor/
http://ludovox.fr/cannes-2015-ceremonie-des-cocktails-dor/
https://www.facebook.com/LigueIntegristeDesJeuxdAmbiance
Crédit photo FIJ
http://www.festivaldesjeux-cannes.com/
https://www.facebook.com/FestivalDesJeux.Cannes
Auteur : Alison Derolez
ChroniqueuseCulturophage invétérée, je nourris le doux espoir de travailler en tant que Game Designer. Le jeu vidéo est une belle histoire à écrire, à vivre et à raconter !
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