L’e-sport continue de faire parler de lui, d’attirer les foules et de séduire de futurs joueurs rêvant de passer professionnels. Il intéresse de plus en plus les sponsors, certains même n’ayant aucun rapport avec le jeu vidéo. Plus encore, il crée de nouvelles activités, comme celle que l’on va aborder : être analyste/coach pour une équipe professionnelle d’e-sport.
ESL One Katowice les claviers et les souris s'échauffent...
Au cours de l’année plusieurs grands rendez-vous e-sport sont organisés. Se prépare en ce moment l’ESL One (Electronic Sports League) sur CS GO, qui aura lieu du 12 au 15 mars prochain à la Spodek Arena de Katowice. Ce grand événement sera le théâtre d’une lutte sans merci entre les 16 équipes sélectionnées, qui caressent toutes l’espoir de remporter les 100 000$ promis aux vainqueurs.
L’occasion pour nous de parler à nouveau d’e-sport et plus particulièrement d’une activité qui se développe et offre des perspectives nouvelles aux « pro-gamers » retraités.
En effet, la multiplication des compétitions, des récompenses toujours plus importantes, sur des jeux toujours plus nombreux ont fait de l’e-sport une activité très « sérieuse» et « pro ». Aujourd’hui on assiste à des événements dignes de grandes compétitions sportives, des enjeux importants, des sponsors de plus en plus prestigieux, et même des scandales de triche venant saupoudrer tout ça. Oui comme dans n’importe quel sport, les joueurs et les parties sont surveillées car il y a parfois des participants anti-jeux. D’ailleurs, même le public qui parie sur les vainqueurs se révèle parfois tricheur à coup d’attaque en DDOS sur le joueur qu’ils ne veulent pas voir gagner. Une véritable discipline sportive s’est créée, avec ses aléas comme ses moments forts et puissants. Une discipline qui nécessite désormais de plus en plus de nouvelles ressources, à l’image des coach et anaystes.
Parmi les sélectionnées pour l'ESL ONE CS GO, deux équipes sont françaises :
Légendes
EnVyUs : NBK, shox, kioShiMa, Happy, SmithZz
Ninjas in Pyjamas : friberg, Xizt, f0rest, GeT_RiGhT, ?
fnatic : pronax, JW, krimz, olofm, flusha
Virtus.pro : Neo, pasha, TaZ, byali, Snax
Natus Vincere : starix, Zeus, seized, GuardiaN, Edward
HellRaisers : Dosia, kucher, ANGE1, AdreN, flamie
Team SoloMid : Karrigan, Xyp9x, cajun, Dupreeh, Device
PENTA : Strux1, nex, kRYSTAL, Spiidi, denis
Challengers
Titan : Ex6TenZ, kennyS, apEX, Maniac, RpK
Cloud9 : n0thing, sgares, Semphis, Shroud, ShahZaM
Counter Logic Gaming : Hazed, FNS, ptr, reltuC, Tarik
LGB eSport : Polly, RUBINO, rain, jkaem, zEVES
3DMAX : disturbed, KHRN, allu, stonde, natu
Flipsid3 : markeloff, B1ad3, bondik, WorldEdit, DavCost
Vox Eminor : AZR, topguN, Spunj, Snyper, Havoc
KaBuM : FalleN, zqk, fer, boltz, Steel
Les récompenses sont alléchantes (250 000$ au total), l’entrainement se doit d’être intensif pour espérer décrocher la victoire. Et quoi de mieux pour cela, que de disposer d’un coach pour vous conseiller ?
L’équipe Titan fait confiance à ioRek, pour les mener à leur plein potentiel. Il m’a gentiment éclairée sur son rôle en répondant à mes questions.*
Aujourd'hui l'équipe à été restructurée : ioRek tient désormais son rôle de coach et ne remplace plus "KLQY" (Exclu des tournois pour des affaires de cheat). Un cinquième joueur a donc été annoncé : il s'agit de Cédric "RpK" Guipouy, bien connu sur la scène CS:Source.
Mais, un coach e-sport, qu’est-ce que c’est ?
Le métier de coach e-sport émerge et se développe avec l’accroissement des différentes compétitions et du nombre de pro-gamers. Oui un coach sportif, pour une équipe de sport électronique. Un e-coach un peu particulier, mais finalement proche du métier de coach ordinaire. Nous y arrivons, l’e-sport s’est assis sur son trône et sa notoriété et indéniable. CS, DOTA, LoL ont tous désormais leurs compétitions mondiales dédiées.
Dans notre société, des coach il y’en a un grand nombre, pour tout un tas d’activités. Il n’est donc pas très étonnant que l’e-sport se dote aussi de ses analystes et experts qui accompagnent les équipes vers la victoire. Les anciens pro-gamers, trouvent souvent une porte de sortie, en se mettant à faire des vidéos, du stream, ou du coaching, de l’analyse. C’est intéressant de voir donc qu’une carrière de pro-gamer peut se poursuive dans le milieu du jeu vidéo, même lorsqu’il arrête la compétition.
Faire partie d’une équipe de pro-gamers en tant que coach, ou analyste consiste à la guider, organiser la stratégie et améliorer le style de jeu des membres. S’entraîner avec eux, mais aussi analyser le jeu des adversaires, rechercher et élaborer de nouvelles techniques inédites pour surprendre en compétition. S'inspirer des meilleurs, et tenter de les surpasser, réinventer sans cesse ce sport, pour se démarquer et faire valoir son talent et son travail.
C’est évidemment la dimension humaine également : apporter son soutien quoi qu'il arrive, motiver ses joueurs avant les matchs, regonfler le moral des troupes lorsque la victoire n’est pas au rendez-vous.
De nombreuses équipes se dotent désormais d'un analyste, d'un coach, des sites existent également et propose de mettre en relation joueurs et coach, à l'image de l'EGG School, qui permet de réserver des "cours" sur différents jeux, dispensés par les meilleurs joueurs. Le site existe depuis 2010 et rencontre un certain succès.
ioRek nous en dit plus sur ce nouveau « métier » de coach
Jérémy "ioRek" Vuillermet est un joueur pro de CS 1.6 et CS GO qui s’est démarqué dans des équipes telle que Intensity, Bizounours, emuLate, Millenium ou encore esahara. Il compte à son palmarès plusieurs victoires en France comme à l’international, notamment aux Championnats du monde WCG en 2007 et à L’ESWC en 2013. Il est désormais coach, analyste pour l’équipe CS GO Titan, où il retrouve un ancien co-équipier (Clan-Mystik), Dan "apEX" Madesclaire. Vous pouvez suivre leur actualité sur leurs profils ( apEX / kennyS / RpK / Maniac / Ex6TenZ / ioRek).
Peux-tu nous dire en quoi consiste l’activité de « coach » pour une équipe d’e-sport ?
C'est assez nouveau donc définir mon activité, mes objectifs fait aussi partie de mon boulot. Les équipes actuelles sont assez autonomes et même si on voit de plus en plus de coach qui ont les mêmes responsabilités que dans les sports, on n'en est pas encore à ce stade donc je suis plus un analyste / conseiller qu’un coach avec de vraies responsabilités.
Raconte-nous ton parcours et comment tu en es arrivé là ?
J'ai eu l'opportunité de jouer avec deux joueurs de Titan avant d'arrêter (ndlr : sa carrière de pro-gamer). Lorsqu'ils m'ont dit qu'ils avaient besoin d'une aide extérieure, j'étais heureux de pouvoir les aider car je pense pouvoir apporter mon expérience à certains jeunes joueurs et jeunes équipes.
Faut-il obligatoirement avoir fait ses preuves en tant que pro pour devenir coach ?
Pour l'instant oui. Un peu à l'image du foot, c'est 90% d'anciens joueurs professionnels. Dans l'e-sport, je pense que c'est 100%. Pour autant, depuis peu, on voit de plus en plus de spécialistes e-sport, qui n'ont pas forcément eu de carrière en tant que pro-gamer. On devrait voir arriver des coachs qui ne sont pas pros dans quelques années.
Quelles sont les qualités indispensables d’un bon coach ?
Pédagogie, patience, passion
Parle-nous de l’équipe que tu entraines, comment ça se passe ?
Ça se passe très bien. J'ai pris un peu de distance avec leur entrainement quotidien pour me concentrer sur les autres équipes et pouvoir leur donner des conseils pour mieux aborder ces équipes. En tous cas, je sais qu'ils s'entrainent très dur, qu'ils sont très soudés et que les derniers résultats laissent présager un bon futur.
Vous vous préparez pour une compétition prochainement ?
Ils préparent les ESL Katowice, (ndlr : en mars) un des tournois les plus importants où le cash prize (ndlr : les récompenses) est le plus élevé. Ils se sont qualifiés dans la douleur mais je pense que ça les aidera à mieux rentrer dans la compétition que les équipes qui ont été invitées.
Quelles sont les difficultés voire les contraintes liées à cette activité de coach ?
Le nombre de matchs officiels rend le travail de coach difficile. Tous les soirs, il y a 4 à 5 matchs d'équipes dont je dois suivre la progression. Si on ajoute à ça les matchs de Titan, il faudrait que je sois à plein temps pour ne rien louper. Ce n'est pas le cas donc il faut filtrer les matchs et revoir quelques matchs le week-end. Ce planning hyper concentré rend aussi difficile la communication avec les joueurs car ils sont souvent en déplacement ou en entraînement.
Comment envisages-tu ton avenir dans ce domaine ?
J'aimerai combiner mes aptitudes dans le développement d'applications et de connaissances du jeu pour créer des outils pouvant aider l'équipe. Cela passe par des statistiques, des méthodes de travail. J'ai la chance d'arriver dans un "métier" qui n'existait pas il y a quelques années donc les horizons sont assez larges !
Un « métier » qui en effet n’existait pas, une activité qu’il faut donc développer et qui va certainement ouvrir de nouvelles perspectives à l’avenir. Comme quoi, on a beau dire, le jeu vidéo c'est du sérieux, il crée de nouveaux besoins, de nouvelles opportunités et des perspectives de travail. On souhaite bon courage à ioRek et une belle réussite à l’équipe Titan pour leurs futures compétitions.
Sources :
http://www.hltv.org/news/13438-iorek-joins-titan-as-analyst
http://www.millenium.org/cs-go/accueil/esport/titan-patience-et-longueur-de-temps-la-section-csgo-de-titan-patiente-avant-d-officialiser-son-cinquieme-homme-118902
http://www.vakarm.net/news/read/ESL-One-Katowice-Les-16-equipes/6459
http://www.vakarm.net/news/read/Le-cinquieme-Titan-est-RpK/6327
http://www.eslgaming.com/opinion/blue-reflection-katowice
Auteur : Alison Derolez
ChroniqueuseCulturophage invétérée, je nourris le doux espoir de travailler en tant que Game Designer. Le jeu vidéo est une belle histoire à écrire, à vivre et à raconter !
Derniers articles
- Un métier du jeu vidéo : coach d'une équipe d'e-sport
- Un weekend à la Global Game Jam de Cannes
- Les Français et le jeu vidéo : un véritable French kiss vidéoludique
- On a testé pour vous : Dix jours sur League of Legends, trois ans après tout le monde
- Girls Make Games : le succès de jeunes créatrices dans le monde du jeu vidéo.
Ajouter un commentaire