Bound By Flame

Spécialisés dans les Action-RPG et déjà auteurs de Of Orcs and Men et de Mars : War Logs, les français de chez Spiders nous reviennent avec un nouveau jeu intitulé Bound By Flame. Leurs deux productions précédentes ayant surtout marqué les esprits pour leur manque de finition, Bound By Flame aura-t-il suivi le même chemin ou sera-t-il enfin le jeu qui fera décoller le studio ?

            Situé dans un univers Heroïc-Fantasy, Bound By Flame met le joueur dans la peau d'un mercenaire dénommé Vulcan dont la compagnie, les Lames Franches, a été engagée pour défendre un groupe de mages appelé les Erudits Rouges. Ceux-ci désirent exécuter un rituel dans le but d'arrêter l'invasion de la Mortearmée, dirigée par les Seigneurs du Froid, qui menace toute vie dans le monde de Vertiel. Malheureusement pour vous, le rituel sera interrompu par une attaque des morts-vivants, avec pour conséquence de vous voir possédé par un démon. Vous devrez donc trouver comment éradiquer la menace venue du Nord tout en essayant de savoir si vous combattrez ou succomberez au pouvoir que vous propose cette entité.

            L'histoire en elle-même est relativement intéressante à suivre, même si un air de déjà-vu se fera vite sentir, Game of Thrones et Dragon Age étant les plus évidents. Les trois chapitres du jeu vous feront voyager dans trois endroits différents qui tiendront plus de la succession de couloirs/arènes que d'un vrai monde, les quêtes secondaires, peu nombreuses, ne se privant pas de vous y faire faire des aller-retour. Vos interactions avec le démon sont assez bien écrites mais au final peu nombreuses, de même que les choix qui vous feront pencher d'un côte ou de l'autre de la balance. N'espérez cependant pas de changement flagrant dans le jeu, les seules différences se trouvant dans quelques lignes de dialogues ou dans des remarques sur vos changements physiques. En effet, le fait de succomber à votre possession démoniaque aura un impact sur votre physique qui se modifiera petit à petit. Cette transformation explique probablement le manque flagrant de personnalisation du personnage à sa création où vous pourrez juste choisir entre un homme ou une femme et entre cinq visages et cheveux différents, quantité assez pauvre pour un RPG. De même, vous pourrez choisir un nom mais dont tout le monde se moquera royalement, préférant vous appeler Vulcan, surnom que vous avez au sein de la compagnie dont vous être le maître-artificier.

            Vous pourrez également choisir parmi cinq compagnons pour vous suivre dans les combats. Mis à part Edwen (copier-coller de Morrigan de Dragon Age dont même la voix est très proche) et Marthas qui sortent un peu du lot, tous les autres personnages qui vous accompagneront ou que vous rencontrez n'auront peu ou pas de personnalité (mention spéciale pour Sybil dont la personnalité frôle le zéro absolu), quand celle-ci n'est pas tout simplement un cliché. Les dialogues, hormis ceux avec le démon ou Edwen, ne seront pas particulièrement inspirés, voir mal écrits pour certains. Un exemple parmi d'autres : au début du jeu, votre personnage se plaint que son supérieur prenne à la légère la possession démoniaque alors que vous-même faisiez une blague dessus en demandant une augmentation trente secondes plus tôt, ou encore, un personnage ne désirant pas rentrer dans un lieu sera au courant de la discussion qui se sera passée sans lui. De même, le jeu se veut adulte mais en fait trop de mots fleuris et de répliques vous feront penser à des dialogues écrits par une bande d'adolescents. Les romances présentes sont plus ridicules qu'autre chose, se résumant à un dialogue vite expédié et sorti de nulle part.

            Le jeu aurait pu au moins être sauvé s'il avait bénéficié d'un système de combat solide. Malheureusement, il en sera tout autre. Vous pourrez choisir entre trois styles : guerrier (épées à deux mains, marteaux et haches), ranger (dagues) ou pyromancien (du feu uniquement). Le style guerrier sera lourd et lent, ne possédant aucune esquive mais pouvant parer les attaques. En parant au bon moment, celui-ci pourra lancer une contre-attaque accompagnée d'un ralenti sur l'action, ralenti également présent lorsque vous ferez une attaque critique et donc pouvant amener à un enchaînement de ralentis, hachant totalement l'action et pour le coup la visibilité. Ne vous attendez pas non plus à de réelle différences entre les marteaux, les haches et les épées, mis à part un ou deux effets applicables à l'arme mais qui ne changeront au final rien aux combats. Le ranger pourra lui esquiver les attaques mais point de roulade dont vous pourriez contrôler la direction, votre personnage fera toujours un saut de cabri vers l'arrière. Les dagues, logiquement, feront moins de dégâts mais pourront attaquer plus rapidement. De même vous pourrez, en utilisant ce style de combat, vous infiltrer dans le dos des ennemis pour placer une attaque sournoise augmentant les dégâts générés. Le pyromancien possèdera plusieurs sorts dont l'invocation de boules de feu, le pouvoir de mettre le feu à ses armes ou encore de générer une protection enflammée. Mais le temps pour lancer les sorts étant tellement long, votre personnage pouvant facilement être interrompu et le coût en mana tellement grand par rapport à la vitesse de récupération, vous vous retrouverez vite à court de sort avant que le plus simple des ennemis soit mort. Spiders voulait ici s'inspirer de Witcher 2 pour créer un système de combat dynamique, mais n'a au final accouché que d'un ersatz de ce qu'il aurait pu être. Les combats sont certes dynamiques mais mal équilibrés. Alors que vos ennemis n'auront aucun mal à interrompre vos actions, il vous faudra suer toutes les gouttes de votre corps pour arriver au même résultat.

            Ne comptez pas non plus sur votre allié pour vous aider. Celui-ci passera le plus clair de son temps au sol et, quand ce ne sera pas le cas, oubliera rapidement les vagues ordres que vous pourriez lui donner. Dark Souls ayant le vent en poupe pour le moment, Spiders a choisi l'option de faire un jeu avec des combats difficiles sans comprendre la différence entre difficulté et injustice. Alors qu'une simple éraflure vous enlèvera plus du quart de votre vie, il vous faudra une quinzaine de coups à l'arme lourde pour venir à bout du moindre ennemi. Vous pourrez essayer d'utiliser les pièges pour les tuer mais n'espérez pas amener vos cibles dans des traquenards longuement pensés, celles-ci restant "collées" à leur arènes et vous lâchant dès que vous vous en écarter un tant soit peu, profitant au passage pour récupérer toute leur vie. Vous disposez aussi d'une arbalète mais ne rêvez pas de jouer l'archer à distance, le nombre de carreaux étant fort restreints, et ce même en passant par l'artisanat. Au final, votre tactique principale sera de parer les attaques qui vous arriveront dessus ou de sauter dans tous les coins en attendant le moment propice ou jusqu'à ce que votre mort arrive, chose qui se produira à répétition. Ne vous fiez d'ailleurs pas aux sauvegardes automatiques, bien mal pensées qui sauveront quand vous sauterez un muret mais oublieront de le faire à d'autres moment, au risque de vous faire perdre une bonne partie de votre temps (et de votre patience). Et si la difficulté durant le jeu ne vous aura pas rebuté avant le boss final, attendez-vous à de longs moments de souffrance pour arriver à en venir à bout.

            En ce qui concerne votre équipement, outre vos armes, vous aurez le choix entre des armures, gants, bottes et casques. Peu de modèles différents seront disponibles et ceux présents seront génériques au possible. Le jeu possède un système d'artisanat qui vous permettra d'améliorer ces objets en choisissant les épaulettes pour l'armure, chaque choix ayant sa propre capacité. Vous pourrez également créer vos propres potions de soin et de mana, vos carreaux d'arbalète et vos pièges explosifs. N'espérez pas découvrir d'autres plans, ce seront les quatre seuls objets que vous pourrez crafter durant tout le jeu. Les objets nécessaires à l'artisanat seront récoltés en fouillant les cadavres, en recyclant vos équipements ou tout simplement en les achetant chez le marchand. Malheureusement pour vous, tous les objets que vous pourrez créer, que ce soit une potion de soin ou un pommeau pour votre arme, utilisent le même type d'ingrédient, vous forçant implacablement à faire des choix quant à l'utilisation de vos ressources.

            Cerise sur le gâteau, le jeu manque, encore et toujours pour une production Spiders, de finition. Outre les problèmes de boutons liés à deux actions pouvant amener à des situations cocasses ou de personnages fusionnant avec les murs, vous aurez à faire avec une caméra quelque peu joueuse. Elle s'amusera à choisir le plus mauvais angle durant les combats ou ne regardera pas l'action durant les cinématiques vous faisant entendre des bruits et des dialogues pendant qu'elle regarde vaguement dans le vide. Les personnages, toujours durant les cinématiques, pourront avoir des soubresauts, décidant de se relever alors qu'ils devraient être à terre. La synchronisation labiale, complètement ratée durant les dialogues, sera totalement absente le reste du jeu. Le jeu possède un cycle jour/nuit dont l'utilité est principalement esthétique, seule une quête secondaire requérant d'accomplir une action à un moment donné de la nuit. Les doublages sont également très inégaux, allant du bon pour le démon ou pour Edwen, au mauvais notamment pour Sybil. Pour finir par deux points positifs, la bande son est réussie, même agréable à écouter, et le jeu n'est pas laid avec, à certains endroits, des textures assez détaillées.

A vouloir piocher des idées ici et là, Bound By Flame en devient générique quand il n'est pas raté. Peut-être par manque de temps, de moyens ou simplement pour profiter de cette période de creux dans les sorties d'Actions RPG, Spiders accouche d'une pâle copie d'un bon jeu, avec certes quelques idées intéressantes (possessions démoniaques, artisanats, dynamisme des combats) mais noyées dans un océan d'approximations (équilibrage du système de combat raté, manque cruel d'exploration), de manque de finition (caméra aux fraises) et de problèmes d'écriture (dialogues faussement "adulte", compagnons sans personnalité,...). Seuls les plus affamés des amateurs d'Action-RPG y trouveront peut-être le compte, mais le jeu n'en reste pas moins difficile à conseiller à son prix actuel malgré les bonnes intentions perceptibles de la part des développeurs.

Note : 5/10

Bound By Flame est édité par Focus Home Interactive et développé par Spiders. Il est sorti sur Windows, Playstation 3, Playstation 4 et Xbox 360 le 9 Mai 2014.

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