Bonne surprise indépendante de ce début d’année, NaissanceE est un jeu qui contraste par son parti pris graphique original et radical. Après un tour d’horizon de cet ovni vidéoludique nous avons souhaité aller plus loin en posant 5 questions à l’unique développeur du jeu, Mavros Sedeño.
1. A l’origine, NaissanceE est issu d’un premier projet non abouti : Jeux d’ombres. Tu as ensuite rebondi et travaillé pendant 3 ans et demi sur cet opus que tu as développé tout seul. Est-ce un choix de ne pas avoir fait appel à d’autres développeurs ? Sur une période aussi longue n’est-on pas traversé par des périodes de découragement, de doute ?
J’ai bien choisi de développer ce jeu en indépendant, mais je n’aurais en revanche pas été contre un travail en équipe. Si c’est une chose de se lancer dans l’aventure avec des moyens financiers réduits au minimum vital, c’en est une autre de trouver des collaborateurs passionnés et talentueux assez motivés pour vous suivre sans salaire. Bien sûr, au cours d’un développement s’étalant sur des années, il n’est pas évident de rester motivé tout le temps. Il y a des périodes de doutes, de remise en cause, voir de découragement, surtout quand on a très peu de retour sur la qualité de son travail comme cela été le cas pendant une grosse partie de la production du jeu. Mais, en général, ces périodes ne durent pas, surtout quand on a des proches pour vous soutenir et vous remonter le moral dans les moments les plus critiques. Ces moments ont été relativement rares au final et puis j’ai l’habitude de travailler seul depuis longtemps. Ce sont des conditions que j’apprécie pour la création, même si je n’avais jamais fait cela sur une si longue période.
2. NaissanceE offre un travail musical très rythmé, presque orchestré, avec une très forte connexion avec le jeu. Tu as d’ailleurs fait appel à 3 personnes différentes pour réaliser les musiques, quel rapport as-tu entretenu avec ces univers musicaux lors de la création de ce jeu ? Y a-t-il eu des influences mutuelles dans les périodes de création ?
En fait la musique utilisée dans NaissanceE existait déjà avant et n’a pas été composée pour le jeu. C’est de la musique d’artistes que j’aime écouter, cela m’inspire énormément dans mon travail créatif. J’avais d’ailleurs déjà utilisé la musique de Pauline Oliveros dans Jeux d’ombres. Je l’ai contacté ainsi que Patricia Dallio et Thierry Zaboitzeff pour savoir s’ils étaient partants pour me laisser utiliser leurs musiques dans le jeu. On peut néanmoins dire qu’il y a une influence mutuelle lors de la conception et du développement puisque certaines séquences du jeu sont entièrement inspirées, rythmées et structurées par la musique. Alors que dans d’autres cas, c’est après avoir créé des parties du jeu et en écoutant leurs musiques que je me suis dit : « ça, ça irait parfaitement bien ici ». A chaque fois j’ai apporté une attention particulière afin de mettre au point cette symbiose entre la musique, le visuel et l’action.
3. On voit beaucoup de jeux indépendants sortir ces derniers temps. Quand on voit l’énorme créativité de certains de ces jeux, penses-tu que la scène indépendante puisse jouer un véritable rôle de contre-culture face aux licences AAA de plus en plus démesurées ? NaissanceE aurait-il pu sortir sous le joug d’un gros éditeur ?
Oui c’est déjà le cas à mon avis, je pense que l’influence des jeux indépendants va grandissante sur l’industrie du jeu vidéo. En témoigne l’importance accordée par les constructeurs de console aux indés sur la nouvelle génération. D’autant plus que les coûts de développement des titres AAA deviennent faramineux. A mon avis si les gros éditeurs n’accordent pas plus de liberté aux développeurs, nombreux seront ceux qui partirons pour se lancer dans des petites structures indépendantes. Aujourd’hui tous les outils nécessaires sont disponibles pour le permettre. On voit d’ailleurs pas mal de projets comme Outlast ou Betrayed lancés par des anciens de studios renommés. Pour ce qui est de NaissanceE, je ne crois pas qu’un éditeur aurait pris la peine de le financer, c’est bien trop un jeu de niche et une œuvre personnelle pour les intéresser.
4. Pour tout ceux qui ont été captivés par l’univers de NaissanceE, aurais-tu d’autres jeux, voire même d’autres oeuvres à leur conseiller, à leur faire partager ?
Absolument, je conseille de jeter un coup d’œil aux #ProximaNE sur le compte Twitter de Limasse Five, que j’ai compilé ici car le moteur de recherche de Twitter est ridiculement inefficace pour les retrouver : https://www.facebook.com/NaissanceE/posts/407951499341663.
Il s’agit aussi bien de références, de sources d’inspiration que d’œuvres se situant dans une mouvance similaire à NaissanceE. Cela intéressera certainement ceux qui ont apprécié le jeu.
5. Quels sont tes projets pour la suite ? Une suite, un nouveau jeu totalement différent ?
Oui, NaissanceE étant une sorte de Spin Off d’un projet bien plus vaste et ambitieux. J’ai l’intention, un jour, de réaliser ce projet avec l’aide d’une équipe motivée. Pour le futur immédiat, j’ai plusieurs idées en tête plus ou moins avancées, mais cela va dépendre des possibilités financières et des événements à venir. Si le succès critique de NaissanceE a été au rendez-vous, niveau ventes c’est une autre histoire, j’espère donc pouvoir lancer et mener à terme un de ces projets.
Propos recueillis en avril 2014
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Pour aller plus loin :
- NaissanceE, une expérience vidéoludique unique sur Standalone Post
- COUP D'ŒIL - NaissanceE [Test FR] par Don Pascualino
- NaissanceE, le site officiel du projet
- NaissanceE sur Steam
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