Après s'être attaqués avec un certain succès à la licence Transformers avec War for Cybertron et Fall of Cybertron, les californiens de High Moon Studios se lancent dans une nouvelle aventure avec l'un des personnages les plus originaux et déjantés de l'univers Marvel, Deadpool. Arriveront-ils à accomplir ce que Rocksteady a réussi avec Batman ou aurons-nous droit à une catastrophe comme furent les jeux tirés d'Iron Man ?

            Deadpool est l'archétype-même de l'anti-héros. Mercenaire de son état, ce personnage, créé au départ comme une caricature de Deathstroke, se veut vulgaire, macho, mégalomane et surtout complètement imprévisible. Au-delà de sa faculté de régénération quelque peu comparable à celle de Wolverine et de sa maîtrise du combat au corps-à-corps, Deadpool possède une compétence très particulière et assez unique. En effet, il est capable de briser le Quatrième Mur (Terme issu du théâtre désignant le mur imaginaire séparant les spectateurs de la scène. Un personnage "brisant le Quatrième Mur" désigne une personnage pouvant s'adresser directement au spectateur) et de fait est conscient d'être dans un comics.

            Le jeu commence dans l'appartement de Deadpool où celui-ci arrive à convaincre, à sa manière, les développeurs de High Moon Studios de faire un jeu avec lui comme personnage principal, recrutant en même temps Nolan North pour faire sa voix. Il part donc à la recherche de Chance White dans le but de l'assassiner sans vraiment savoir pourquoi il a accepté ce contrat, ayant volontairement omis de lire cette partie du script. Vous l'aurez vite compris, l'histoire, écrite par Daniel Way, colle parfaitement à l'univers de Deadpool. Dès les premières secondes de jeu, l'ambiance est bien posée et le Quatrième Mur littéralement explosé. Deadpool n'hésitera pas à parler directement au joueur, à faire des remarques sur le jeu, à quitter de manière impromptue le champ de la caméra ou tout simplement à être lui-même en faisant le guignol, les vannes fusant à tout bout de champs. Cet humour assez particulier et souvent au ras des pâquerettes ne plaira pas à tout le monde, la personnalité de Deadpool risquant d'autant plus de diviser le public.  

            En tant que héros central de son jeu, un soin tout particulier a été apporté au personnage. Très bien modélisé et bien animé, Deadpool crève l'écran et devient réellement vivant grâce au doublage de haut vol que l'on doit à l'excellent Nolan North. Ce soin graphique et sonore tranche d'autant plus avec le reste du jeu, bien plus commun et oubliable. Graphiquement parlant, le jeu enferme le joueur dans un dédale de couloirs et d'arènes. Ce level design n'est pas spécialement dérangeant pour ce type de jeu d'action s'il arrive à se renouveler. Malheureusement pour nous, le jeu va enchaîner les niveaux de ruines, de prisons et d'égouts avec les mêmes teintes grises/brunes. Cette succession de niveaux fermés tente de masquer timidement le manque d'ambition du jeu. Techniquement limite, le moteur, basé sur l'Unreal Engine 3, n'est pas spécialement bien optimisé, ramant sur console. La version PC tourne, elle, à 60 images par seconde. Cependant les options de personnalisation graphique sont réduites à peau de chagrin, laissant le choix de la résolution d'un côté et de quatre options graphiques allant de "bas" à "extra", sans possibilité d'en connaître les différences. De plus, le jeu est totalement dépourvu d'anti-aliasing, forçant le joueur à utiliser un programme tiers s'il souhaite voir disparaître cet effet d'escalier au bord des objets.

            Le jeu consiste en un Beat'em All où vous aurez la possibilité de vous battre aussi bien au corps-à-corps qu'à distance. Entre deux combats, vous aurez le droit à des séquences de plateformes et à de la recherche d'objets pour continuer à avancer. Des minis-jeux viendront briser la monotonie, avec notamment une séance de glissade, un quizz, des séquences d'infiltration ou encore un petit tour dans une fête foraine un peu particulière. Le jeu comprend aussi un système d'amélioration pour les compétences et pour les armes. Outre ses fidèles sabres et pistolets, Deadpool pourra avoir accès à deux autres armes de corps-à-corps et trois nouvelles armes de distance, ainsi qu'à des grenades et autres pièges à loup. Les améliorations se débloqueront au fur et à mesure que le joueur utilisera ces armes et pourront être achetées avec des points récoltés durant les combats ou ramassés par terre. Plus le joueur augmentera son combo, plus il récoltera de points. Attention toutefois à ne pas se faire interrompre au risque de voir tous vos efforts réduits à néant.

            Deadpool n'est pas un jeu facile et ce même dans le mode de jeu normal. Bien que possédant un pouvoir de régénération, celui-ci ne se met en marche qu'une fois votre personnage à l'abri. Les ennemis, malgré une I.A. fort peu brillante, pourront vous causer quelques soucis, principalement ceux à distance capables de vous faire passer de vie à trépas en un rien de temps. Ne parlons même pas de la difficulté supérieure où rater une contre-attaque résulte presque systématiquement en la mort. Il est à noter que les dégâts s'accompagnent d'effets assez sympathiques avec le costume de Deadpool se déchirant et se reformant petit à petit quand le héros récupère sa vie. Le système de jeu se veut donc des plus classiques, avec ses combos, ses attaques spéciales et ses contres/esquives, les combats restant malgré tout plaisants et les contrôles répondant assez bien. Le tout est par contre handicapé par une caméra capricieuse qui aura tendance à choisir un angle de vue peu pratique, cachant une partie des ennemis qui vous attaquent, vous forçant pour le coup à la modifier tout en essayant de rester en vie.

            Le jeu comprend huit chapitres qui vous retiendront une petite dizaine d'heure, durée assez classique pour ce genre de jeu. Vous trouverez aussi un mode arène assez basique où vous devrez éliminer trois vagues d'ennemis dans un temps donné. A chaque médaille d'or obtenue, vous aurez droit à un mode infini avec un nouveau costume pour Deadpool, dont l'usage est malheureusement restreint à l'arène qui l'a débloqué. Le peu d'arènes et le manque de variété dans les objectifs à accomplir vous feront vite oublier ce mode.