King's Bounty : Dark Side

Le premier King's Bounty, sorti en 1990, avait été le précurseur d'un style de stratégie en tour par tour devenu célèbre par après avec les Heroes of Might and Magic (HOMM). 18 ans plus tard, les russes de Katauri Interactive faisaient ressortir la série de l'ombre avec un remake très réussi du jeu original, appelé King's Bounty : The Legend. Suivirent alors quatre nouveaux jeux : Armored Princess (2009), Crossworlds (2010), Warrior of The North (2012) et finalement Dark Side en 2014, les deux derniers ayant été développés par un autre studio, 1-C Softclub. Après un Warrior of The North très décevant, le studio aura-t-il profité de ce dernier épisode pour apporter des nouveautés grandement nécessaires après des épisodes précédents un peu trop similaires ou aura-t-il continué sur sa lancée ?

            Le système de jeu de la série des King's Bounty fonctionne en deux temps. Sur la carte du monde, le joueur se déplace librement en temps réel, pouvant aller d'un lieu à l'autre à sa guise. Vous y trouverez des personnages avec lesquels vous pourrez discuter ou marchander, des objets et des coffres disséminés çà et là et des ennemis, errants ou non, pour vous mettre des bâtons dans les roues. C'est là aussi que vous pourrez améliorer les compétences de votre personnage, améliorations qui se font à l'aide de runes et non pas en fonction de votre niveau, mais aussi gérer votre équipement et vos troupes, leur quantité étant limité par votre score de Leadership. Lorsque vous enclencherez un combat, le jeu quittera le temps réel pour passer en tour par tour. Chaque camp se fait face sur un champ de bataille découpé en hexagones. Chaque unité agit l'une après l'autre, les plus rapides agissant avant les autres. Votre personnage, le héros, ne prend pas directement part au combat mais peut lancer des sorts quand agissent ses troupes.

            Ces mécaniques de jeu font la base de King's Bounty et du genre en lui-même (la différence majeure avec Heroes Of Might and Magic étant le déplacement sur la carte du monde qui se fait au tour par tour pour ce dernier, différence voulue par le fait que King's Bounty est un jeu uniquement solo contrairement à HOMM, jouable en multijoueur). Le principal changement de King's Bounty : Dark Side par rapport aux épisodes précédents est de mettre le joueur du côté obscur de la balance afin de combattre les forces du Bien, situation directement mise en pratique par les choix disponibles pour notre avatar, à savoir un orc guerrier basé sur la force et les compétences de puissance, un vampire orienté vers les compétences magiques ou une succube tourné vers la défense et l'esprit.

            L'histoire, quant à elle, vous met en conflit avec les forces du Bien qui ont réussi à prendre le dessus sur vous et à vous chasser de votre repaire grâce à l'aide de l'Esprit de la Lumière. Cet esprit est protégé par trois avatar de Bien, invulnérables. Vous devrez donc partir en quête d'un moyen pour rompre ce sort. Pour ce faire, il vous faudra capturer les trois êtres les plus purs, les trois les plus loyaux et les trois personnes les plus heureuses. Chacun est lié à une des classes que le joueur doit choisir au départ, les purs avec le vampire, les loyaux avec la succube et les heureux avec l'orc. Après transformation/séduction/torture, ils pourront devenir vos compagnons, vous donnant des bonus et vous permettant de bénéficier des bonus des objets magiques qu'ils porteront, remplaçant ainsi le système d'époux/épouse des épisodes précédents.

            Vous serez accompagné durant toute votre aventure par un familier dénommé Blackie. Il vous donnera des directions pour résoudre les quêtes, vous permettra de vous téléporter entre différents lieux que vous avez déjà visités ainsi que de transformer vos prisonniers en morts-vivants ou en démons. Il interviendra également durant les combats en utilisant votre rage pour lancer les sorts qui vous désignerez et qui différent des autres sorts utilisant la mana. Voilà donc les trois seules différences notables (Histoire/contexte, Blackie et nouveux sorts de rage) par rapport aux épisodes précédents de la série.

            Le reste du jeu est identique à ce que la série avait fait précédemment, allant jusqu'à reprendre les même musiques, les même images durant les temps de chargements et exactement les même sorts/unités. 1-C Softclub n'a pas non plus profité de l'occasion pour essayer de mettre à jour son moteur graphique qui montre ses limites dues à son âge (plus de 6 ans). Pire, le jeu est moins bien fini que ses prédécesseurs. Caméra assez laborieuse dans les endroits confinés, brouillard fort présent lorsque le personnage est en mode vol, bugs vous empêchant de finir certaines quêtes ou compliquant la résolution de celles-ci, compétences et bonus d'objets ne faisant pas effet et de rares crashs intempestifs seront de mise. Ces derniers points sont d'autant plus dommageables que le jeu avait connu une période d'Early Access sur Steam, censée être utilisée pour éviter ces problèmes.

            Le jeu n'est pas plus à la fête au niveau des quêtes et de l'immersion dans le côté obscur. Au début du jeu, le héros n'hésitera pas à châtier les plus récalcitrants des personnages (dans le cas du vampire, en transformant en zombies dociles certains PNJ) mais il oubliera bien vite qu'il est une engeance du mal pour, au final, remplir de basses besognes. Va me chercher ceci, va me livrer cela, va me cueillir des champignons, règle mes problèmes amoureux...seront monnaie courante. Le jeu collectionne les quêtes dites FEDEX, vous obligeant à des aller-retours entre les lieux pour les accomplir, ad nauseam. Seules de très rares situations vous donneront l'impression d'être un réel personnage mauvais. Alors que l'occasion était rêvée pour 1-C Softclub d'innover dans les quêtes et de faire quelque chose d'original, les développeurs ont encore choisi la solution de facilité menant malheureusement pour le joueur à un sentiment de lassitude et de déjà-vu.

            L'écriture, sans être mauvaise, est loin d'être exceptionnelle et l'humour présent fait rarement mouche. Cependant, vous auriez tort de passer outre les dialogues car ils contiennent des informations pour les quêtes qui ne se retrouveront nulle part, même pas dans votre journal de quête, le rendant la plupart du temps inutile. Le jeu ne vous aidera quasiment pas dans l'accomplissement des quêtes, vous forçant dans certains cas à errer dans divers lieux avec l'espoir de trouver le bon sort demandé (sorts qui sont générés aléatoirement quand vous rencontrez pour la première fois les vendeurs, rendant la tâche d'autant plus difficile lorsque le sort n'est apparu nulle part) ou le bon personnage caché dans le décor. Heureusement pour vous, vous pourrez ajouter des annotations pour les cartes pour vous souvenir de personnages ou de lieux particuliers mais, même avec cette possibilité, votre patience sera mise à rude épreuve.

            De manière général, le jeu n'est pas laid et possède des environnements assez variés et colorés. Les artworks utilisés pour les portraits sont bien dessinés et collent bien au jeu. La musique reste réussie vu qu'elle est héritée des épisodes précédents. Le jeu, dans l'ensemble, n'est pas spécialement difficile même si quelques combats pourront vous donner du fil à retordre notamment en début et fin de partie. Prenez l'habitude de sauvegarder vous-même votre progression, les sauvegardes automatiques étant bien trop rares et aléatoires, pouvant vous faire perdre plus d'une heure de progression en cas d'erreur. Il vous faudra plus de quarante heures pour arriver au bout du jeu en remplissant la plupart des quêtes, donnant une bonne durée de vie au jeu. Les plus motivés pourront recommencer ensuite le jeu avec les deux autres personnages pour voir les différences dans les dialogues et les actions. Il est à noter, pour finir, que le jeu est uniquement en anglais, aucune traduction en français n'étant prévue pour le moment.

Malgré ces défauts, King's Bounty : Dark Side n'est pas un mauvais jeu en soi grâce à une très bonne base mais le manque d'innovations et les nombreux défauts présents le rendent difficile à conseiller. Les amateurs du genre stratégie en tour par tour se rabattront plutôt vers King's Bounty : The Legend ou Crossworlds (qui comprend Armored Princess), bien mieux finis et écrits, avec moins d'aller-retour, trouvables à moindre prix et qui restent, malgré le temps qui passe, des incontournables. Il est grand temps que 1-C Softclub revoie sa copie au risque de s'enfoncer dans la médiocrité et de voir les fans de King's Bounty déserter pour de bon la série.

Note: 5/10

King's Bounty : Dark Side est édité par 1-C Company et développé par 1-C Softclub. Il est sorti sur Windows le 19 août 2014.

Test effectué à partir d'une version commerciale sur un PC équipé d'un core i5 3330, GTX 770 et de 16Go de Ram.

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