Ce n'est pas la première fois que la série South Park tente de faire une incursion dans le jeu vidéo, la première tentative remontant à la Nintendo 64. Ces jeux, oscillant entre le moyen et le très médiocre, étaient sans âme et avaient pour but principal de monétiser l'engouement des fans pour la série. Le Bâton de la Vérité sera-t-il l'exception ou poursuivra-t-il dans la lignée de ses prédécesseurs ?
Produit par le studio Obsidian Entertainment et plombé par un développement sans fin, notamment dû à la mort de THQ (qui devait être l'éditeur avant qu'Ubisoft ne reprenne la relève), le Bâton de la Vérité avait tout pour nous faire peur. Obsidian, studio de taille modeste et assez peu connu du grand public, est né après la dissolution du mythique studio Black Isle. Depuis lors, le studio était connu pour nous délivrer des RPG de très bonne qualité mais handicapés par une technique souvent dépassée et par des bugs en pagaille (à l'instar de l'excellent Alpha Protocol ou de Fallout: New Vegas). Soutenu par les créateurs de la série South Park, Trey Parker et Matt Stone, Obsidian nous livre ici, contre toute attente, une de leurs meilleures réalisations, digne de l'attente des fans !
Le jeu se déroule dans une ville de South Park ravagée par deux clans se disputant le contrôle du Bâton de la Vérité. Par deux clans, il faut comprendre deux bandes de gamins. La première, dirigée par Cartman est celle des humains (nommée le Kingdom of Kupa Keep, je vous laisse deviner pourquoi). La seconde est sous les ordres de Kyle, le roi des Elfes. Vous êtes le petit nouveau, à peine arrivé dans votre nouvelle maison, et vous allez, un peu malgré vous, être impliqué dans cette guerre. La création de votre héros est assez sommaire, surtout pour un jeu de rôle. Pas de caractéristiques à sélectionner ou de dons. Ici, la personnalisation, durant la création, se limitera purement à l'esthétisme (coiffures, tenues, couleur de peau, etc.). Une fois votre avatar créé, vos parents insistent ou plutôt vous forcent à sortir vous faire de nouveaux amis.
Votre rencontre avec le clan de Cartman vous permettra de choisir votre classe de personnage entre les classiques guerrier, mage, voleur et le moins classique juif (correspondant grosso modo au prêtre), chacune possédant cinq capacités qui lui sera propre. S'ensuit un tutoriel nous expliquant le système de combat, correspondant à l'attaque du camp par les elfes. Les combats se déroulent en tour par tour avec des mécaniques rappelant notamment la série des Paper Mario. Celui-ci se veut assez dynamique, demandant la participation constante du joueur. Ainsi, en appuyant au bon moment sur le bon bouton, vous infligerez plus de dégâts à votre adversaire, ou diminuerez les dégâts subis quand vous êtes en défense. Le mécanisme, sans être compliqué, peut être punitif. Ratez plusieurs fois votre défense peut signifier rapidement la fin du combat en votre défaveur. Vous aurez les choix entre plusieurs types d'attaques : à distance, au corps à corps, "magiques" ou en utilisant vos capacités. A ceci s'ajoute divers effets applicables aux personnages. L'écœurement empêchera de se soigner, le froid ralentira le personnage, le feu et le saignement faisant des dégâts sur la longueur. En plus de cela, plus vous vous ferez d'amis, plus vous pourrez débloquer des dons, vous donnant des bonus durant les combats. Rassurez-vous, vous ne vivrez pas cette aventure seul : vous serez suivi par un des cinq compagnons compris dans le jeu.
Le jeu possède une quantité assez impressionnante d'objets. Vous aurez donc le choix d'utiliser des armures et des armes aussi variées qu'improbables. Vous pourrez également rajouter des effets secondaires, ouvrant la porte à diverses synergies, augmentant ainsi la profondeur de jeu. Il est du coup dommage que tous ces objets soient exclusivement réservés à notre personnage, l'équipement de nos compagnons n'étant pas modifiable. La zone de jeu est assez vaste, permettant au joueur de se promener librement dans la ville de South Park mais aussi de se diriger vers le Canada, dont l'ambiance 16-bits parlera aux plus nostalgiques d'entre nous. Certaines zones s'ouvriront et d'autres se fermeront durant votre progression. Les interactions avec le décor seront au départ assez limitées mais évolueront aussi au fur et à mesure de l'avancée du jeu. Vous aurez ainsi la possibilité d'utiliser une sonde anale pour vous téléporter, des pets destructeurs pour vous frayer un passage ou encore de "sniffer" de la poudre (de gnome, je vous rassure) pour passer dans les chemins les plus étroits.
Le scénario, quant à lui, s'étalera sur plusieurs jours. Fortement linéaire, il ne vous proposera qu'un seul choix dont les conséquences seront somme toute limitées. De nombreuses quêtes secondaires échelonneront votre parcours. Malgré tout, la durée de vie se révèle assez faible et ne devrait pas dépasser les 12-14h pour tout finir. Cependant, ne pensez pas vous ennuyer durant ce temps, le jeu exploitant admirablement bien son rythme, évitant tout temps mort. Il faut d'ailleurs saluer la qualité d'écriture des textes qui régalera les fans de la série, textes écrits par Trey Parker et Matt Stone eux-mêmes. La grande majorité des personnages existants apparaissent durant le jeu et les voix sont celles de acteurs originaux (il n'existe que la version originale, les voix françaises n'ayant pas été faites suite à un désaccord entre l'éditeur et les doubleurs). Tout est fait pour que le joueur ait l'impression de participer à un épisode de la série.
Ceci vaut également pour le côté technique. Les graphismes et les animations ressemblent comme deux gouttes d'eau à la ceux de la série. Cette volonté de coller à la technique si particulière de South Park a par contre forcé les développeurs à restreindre le jeu à 30 images par seconde. Il est à noter que, pour un jeu Obsidian, celui-ci se retrouve au final, assez bien programmé, un seul bug ayant fait son apparition durant tout le jeu (Lors d'un combat de tutoriel, un script ne s'était pas activé, forçant à recharger le jeu au point de contrôle précédent). L'interface, pas forcément pratique tout le temps, colle parfaitement au thème. En effet, un de vos buts étant de vous faire des amis, cette dernière prend la forme d'un clone de Facebook. La bande-son, quant à elle, est tout aussi réussie, mêlant thèmes d'héroïque-fantaisie à des parodies de musiques comme celles présentes dans Skyrim. A noter qu'il sera préférable de jouer à la manette sur PC, l'ergonomie au clavier-souris laissant à désirer pour certains passages. Il est intéressant de remarquer que les versions consoles européennes du jeu ont souffert de la censure pour certaines phases de jeu (à peu près 40 secondes), alors que la version PC n'est pas touchée. Cette censure peut sembler bizarre dans un jeu South Park, d'autant plus que les parties coupée ne sont pas les plus choquantes. Encore un des mystères du PEGI probablement.
Au final, que faut-il retenir de South Park : Le Bâton de la Vérité ? Déjà qu'un long développement chaotique ne signifie pas forcément un mauvais jeu, si les personnes concernées s'en donnent la peine. Les amateurs de la série se voient donc récompensés de leur patience avec un jeu bien fini, bien construit et extrêmement hilarant. Malgré quelques petits défauts d'ergonomie, de maniabilité au clavier-souris ou encore de répétitivité des combats en fin de partie (mais qui n'entachent en rien le plaisir de jeu), ce jeu est simplement une réussite et une belle lettre de respect de la part d'Obsidian aux fans de la série. Les personnes hermétiques à l'humour de South Park pourront passer leur chemin mais toutes les autres auraient tort de ne pas en profiter.
Verdict : 8/10
South Park : Le Bâton de la Vérité est édité par Ubisoft et développé par Obsidian Entertainment. Il est sorti sur Windows, Xbox 360 et Playstation 3 le 7 mars 2014.
Auteur : Xavier Sottiaux
Testeur SoftwarePassionné de jeux vidéos depuis ma plus tendre enfance, mes goûts sont éclectiques. Jouant principalement sur PC mais aussi sur consoles, mes centres d'intérêt vont aussi vers les nouvelles technologies, la photographie et les jeux de rôle papier.
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