Notre histoire commence dans le Colorado, l'un de ces petits états qui unis à tant d'autres forment un pays dont certains disent qu'il l'est. Elle n'est pas existentielle, prétentieuse ou même mystique; mais elle existe. Ce qui la rend bien plus poignante que les fariboles que l'on raconte dans les salons huppés que vous prétendez fréquenter pour vous donner bon genre.
Le 13 août 1997, deux hommes ont plus ou moins par hasard changé le monde par le pouvoir de leur comédie. Autant préciser : ils n'ont pas changé le monde de la comédie. Ou la comédie dans le monde. Non, ils ont changé le monde par le pouvoir de la comédie. Ce n'est pas rien. Leur nom? Matt Stone et Trey Parker. Deux petits gars du Colorado. Des fans de Monty Python un peu esseulés dans les Grandes Plaines. Dur d'imaginer que ce genre d'énergumènes peut éclore dans l'un des coins les plus ruraux des USA; mais bon, tout est possible. La preuve, Obsidian vient de sortir un titre stable. Choc, c'est en plus un bon jeu South Park.
The Stick of Truth est tout simplement ce jeu South Park dont vous avez rêvé pendant des années mais que le marché n'a jamais daigné vous offrir. Non, le marché était trop occupé à piller la licence de manière maladroite pour en faire quoi que ce soit. On ne peut pas dire qu'ils aient essayé, d'ailleurs. Suffit de se souvenir des efforts calamiteux d'Acclaim sur la série dans les nineties pour se remémorer précisément à quel point le jeu vidéo américain était catastrophique il y a de cela quelques années. Mais maintenant, tout est pardonné : nous avons un jeu de qualité respectable réalisé sur la série. Comme quoi, il aura fallu attendre… près de vingt ans.
L'idée est simple : suivre les quatre gamins iconiques dans l'un de leurs jeux d'enfant en incarnant l'un des habitants hauts en couleur de la petite communauté montagnarde. Engoncé dans un avatar local, vous suivrez les péripéties de deux camps plongés dans une guerre fratricide pour contrôler Le Bâton de la Vérité. Un artefact d'une puissance toute symbolique qui permet à celui qui le contrôle de changer les règles du jeu. Dans un grand moment de génie marketing ce jeu a été synchronisé dans un setting médiéval-fantastique imaginaire par les derniers épisodes diffusés avant la sortie du titre. Ce qui explique que là où l'émission se foutait de Game of Thrones; le jeu mis en chantier bien avant la diffusion de la première saison des aventures de Tyrion se fend d'une attaque stylistique contre Skyrim. Jusqu'ici tout fait sens. Par un simple effort de volonté ce titre est simultanément un meilleur produit dérivé que qui que ce soit pouvait l'espérer et une œuvre plus au fait de ce qui se passe dans le domaine vidéoludique que la plupart des jeux qui sortent de nos jours.
Ce qui ne fait pas forcément un grand jeu, c'est évident. La faiblesse prévisible de ce titre reste qu'il n'est qu'une parodie. Ses blagues reposent sur des codes établis des années durant par tous ces jeux médiocres auxquels vous avez eu le malheur de jouer. C'est par le détournement méchant et le double sens qu'il se rend attachant. Son système de combat lui-même fonctionne sur deux plans. D'une part c'est une version parfaitement respectable du traditionnel système au tour par tour de la tradition Final Fantasy… et une pure farce où il suffit de se goinfrer de snacks pour finir par gagner l'échange. Rien de très compliqué là-dedans, juste une avalanche de gags parfaitement adaptés au média qui les véhicule au service de l'une des histoires les mieux écrites que le jeu vidéo ait eu le plaisir de présenter ces dernières années.
South Park: The Stick of Truth, un jeu Obsidian Entertainment et South Park Digital Studios dirigé par Chris Brion (South Park Studios), Chris Parker (Obsidian) ainsi que Zane Lyon (Obsidian).
Scénario/voix/idée originale de Matt Stone et Trey Parker. Musiques de Jamie Dunlap. Disponible sur PC, PS3 et 360 depuis mars 2014.
The Stick of Truth est une pure surprise : un épisode de South Park bien écrit et bien doublé camouflé en jeu Earthboundien. Il est évident que vous devriez passer votre chemin si vous êtes réfractaire à l'humour proposé dans la série. Mais pour peu que vous soyez déjà fan de Cartman... prenez la route de South Park histoire de prendre un peu l'air. On a parfois besoin de voir des visages amicaux; des gens bien comme il faut.
VERDICT : 8/10
Commentaires
Il faut ajouter que malgré son côté simpliste la rejouabilité du titre n'est pas mauvaise, le plaisir malsain de découvrir le traitement qui a été réservé aux autres classes de personnage est suffisant pour refaire le mode histoire une deuxième voir une troisième fois mais la classe "juif" justifie à elle toute seule le plaisir de jeu tant elle fait preuve d'humour et de second degré.
Seul regret, à moins que je l'ai loupé, l'absence de Servietsky. :D
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