Alone in the Dark est une série qui a indéniablement évolué. Précurseur du Survival-Horror, avec un excellent premier titre sorti en 1992 ainsi qu'un épisode "A New Nightmare" plus que convaincant sur Playstation, le passage à la PS2 puis à la HD s’est avéré chaotique. Force est de constater qu'avec cet opus, loin d’être un remake malgré la sobriété de son appellation, le studio français d'Atari nous offre un nouveau cauchemar.
Edward Carnby...
A l’instar d’une série TV, Alone in the Dark se voit subdivisé en chapitres (au nombre de huit), eux-mêmes composés de plusieurs séquences. Edward Carnby, désormais centenaire, fait son comeback au sein d’un New York dévasté, à la recherche de réponses quant à l'effet d'un mystérieux talisman, qui serait à l'origine de l'apparition de monstres. Une affreuse cicatrice similaire à celle desdits monstres recouvrant la face du cher Carnby, il se voit accusé de faire partie de la race inhumaine. Mais dès l'entame de l'aventure, ses accusateurs étant tués, Edward va devoir se débrouiller seul... Ou pas.
...to the rescue
Seul dans les ténèbres ? On aurait aimé, mais non. Edward, constamment épaulé par Sarah, femme qui ne vous connaît pas et que vous ne connaissez pas non plus, ne trouve rien de mieux à faire que de se prendre d’amour pour elle. Frissons garantis. La théorie de l’amour impossible (et insupportable pour nous autres joueurs) prend ici tout son sens : trimbaler cette plaie tout au long de votre périple relève du supplice, tant les phases comportant sa présence s’avèrent pénibles. Entre bloquer certains passages, en rendre d’autres ennuyeux au possible (mention spéciale à la phase de réanimation en QTE…) ou encore disposer d’une voix française minable, la grande globalité du jeu se transforme vite en véritable calvaire. N'oublions pas de mentionner la présence fréquente d'autres PNJ qui viennent en aide à Carnby, et par la même occasion nous prendront la tête au cours de dialogues inintéressants et le plus souvent mal écrits, auxquels on assiste au cours de cinématiques toutes aussi ridicules et mal réalisées.
Au delà du scenar' bancal et des dialogues dignes d’une série B, Alone in the Dark regorge d'autres petits défauts, qui ont visiblement bénéficié d'un énorme travail de la part des développeurs : atteindre un tel niveau de nullité sur console HD relève très sincèrement de l'exploit. Parlons du Gameplay tout d'abord, cataclysmique en presque tous points. L'idée de laisser aux joueurs la possibilité de jouer à la 1ère et la 3ème personne s'avère lumineuse, aux vues du raté total que constitue cette dernière. En alternant entre caméras fixes et à l'épaule, l’on arrive vite à un niveau de saturation improbable. A cause de ces changements intempestifs, les phases de plate-forme ou autres combats face aux hordes d'ennemis au design ridicule se transforment en un véritable supplice. Or, elles représentent plus de 90% du titre, qui vous l’aurez compris pourrait donc se voir désigner sans problème le prix du titre le plus injouable de la 360. Fort heureusement, la "vue FPS" est excellente ; néanmoins, le jeu replaçant systématiquement la vue externe, on se retrouve à switcher sans cesse. Maux de tête garantis.
La descente aux enfers d'une saga qui persiste à s'accrocher...
Mentionnons également la pauvreté de la réalisation, aussi bien au niveau des cinématiques que graphiquement. Sans parler des milliards de bugs de collision ternissant davantage un Level Design trop peu inventif et ultra répétitif, rendant la progression parfois impossible. Ici, le Game Over rime avec ridicule (à l’image du jeu d’ailleurs) : mourir en percutant un panneau à 2km/h, c'est possible ! De ces nombreux défauts qui caractérisent la grande majorité de ce soft Made In France, découle donc un constat sans appel : l’ensemble de l’œuvre est véritablement soporifique. L’alternance on ne peut plus redondante entre combat, phase de plate forme ou à pied (ratées l’une comme l’autre), conduite et cinématique saura endormir quiconque en moins de deux heures. Absence totale de rythme, mécaniques mal pensées, bref, les six premiers chapitres resteront dans les annales, et pas pour les raisons que l’on aurait souhaitées.
Comble de l’ironie, le summum de l'ennui parvient à être atteint lors des deux chapitres suivants, lors desquels Edward Carnby le jardinier doit brûler une bonne cinquantaine d'arbres maléfiques... On doit donc se déplacer d'un bout à l'autre de la carte pendant une heure ou deux. De quoi s’en mordre les doigts. De fait, le gros point fort du jeu réside dans sa durée de vie. Seulement une demi douzaine d'heures (quêtes des arbres à part) est en effet nécessaire avant d'atteindre la délivrance, la fin, le générique de conclusion composé de noms de frenchies. Le meilleur moment du jeu finalement ! Blague à part (et encore...), citons tout de même l'OST du jeu en bien. Les morceaux joués, très réussis, collent avec une ambiance chaotique et apocalyptique que le jeu a essayé en vain de retranscrire.
Zoom sur...
Frédérick Raynal, game designer français de génie. S'il n'a aucun rapport direct avec ce cinquième Alone in the Dark, Raynal s'inscrit comme l'un des instigateurs du Survival Horror, avec le jeu éponyme. Embauché par Infogrames suite au succès du portage d'Alpha Waves qu'il programme sur PC en 1990, le Alone in the Dark qu'il créé dès lors en 1992 s'avère révolutionnaire. Tant par ses personnages animés en 3D que par son ambiance terrifiante, le titre marque ainsi l'apparaition d'un nouveau genre de jeux si communément caractérisés "d'action / aventure", mais également le premier franc succès pour Infogrames. Adulé par la critique, tout laissait entrevoir une nouvelle collaboration entre Frédérick et le studio français.
Pourtant, un désaccord avec son PDG Bruno Bonnell le contraint à partir et à fonder sa propre affaire qu'est celle d'Adeline Software. Le premier jeu développé par le néo studio, Little Big Adventure, rime sans surprise avec réussite totale. Là encore, la presse adhère, les joueurs également : le titre s'écoule à plus de 350.000 exemplaires. S'en suit l'épisode SEGA, qui a été bien plus fort que lui. Racheté par la firme japonaise, le studio se renomme "No Cliché" et développe ainsi des titres pour Dreamcast. Le plus connu, Toy Commander, illustre une nouvelle fois toute la qualité de Raynal en tant que Game Designer. Malheureusement, l'on connaît tous l'histoire de la Dreamcast : sa production achevée en 2001, No Cliché ferme, entraînant dans sa chute un titre qui donnait on ne peut plus envie : un nouveau Survival, Agatha, que vous pouvez découvrir l'espace d'un quart d'heure en cliquant ici.
A l'heure actuelle, un Little Big Adventure 3 ou encore un remake du premier Alone in the Dark seraient dans les petits papiers du français. Espérons que ses projets voient le jour, notamment celui du remake. Car conclure la saga des Alone in the Dark par ce navet sur 360, PS3, Wii et PC constituerait une honte à l'excellence du premier volet, à la création originale et exceptionnelle d'un game designer qui représente on ne peut mieux la France dans le monde du Jeu Vidéo.
Alone in the Dark... Que dire de plus ? Catastrophique en tous points si l'on passe outre la bande son, il fait au final bien rire. Car oui, avec du recul, vous rirez de ces situations ridicules auxquelles vous avez été confrontés, de l'unique boss fight du jeu, le boss étant plus facile à tuer que les autres ennemis du jeu, ou encore des nombreux bugs dont le jeu regorge...
Commentaires
J'ai encore des vifs souvenirs de ce jeu, à l'époque où j'étais gosse. Les premiers étaient loin d'être fashion, ou futuriste, et ils faisaient vraiment baliser. Depuis que la licence a été souillée par Uwe Boll, rien ne va plus...
Ajouter un commentaire