GODUS : Quand jouer à Dieu devient pénible

Une des raisons d'aimer les jeux vidéo est que tout est possible, y compris de jouer à être Dieu. 

Godus de Peter Molineux pour le studio Can 22 se veut un modèle du genre. Sorti en août 2014 pour iPad, le descriptif promet une aventure extraordinaire où « vous vous apprêtez à incarner Dieu, à régner sur un monde vivant ». Très alléchant de par son résumé, ainsi que par l’excellente note moyenne des utilisateurs sur l’App Store. Hélas...

La subtilité du titre aurait cependant dû nous alerter, mais passons. Après quelques heures de jeu, c’est confirmé : aucun intérêt. Certes les graphismes sont beaux et bien pensés, certes la bande-son ne détruit pas irrémédiablement les tympans des apprentis Dieu, mais ce sont bien les deux seules choses agréables de Godus.

Oubliez vite la petite partie entre deux rendez-vous ou deux arrêts de tramway : le temps de chargement (presque 1 minute) est rédhibitoire. Une fois le jeu enfin chargé, il est conseillé de s’armer de patience pour gratter le terrain du bout des doigts et rendre l’espace accessible à des constructions et par conséquent à la vie de vos adeptes. Le temps de jeu est quasiment exclusivement consacré à la sculpture de terrain, qu’on enlève couche par couche, avec la désagréable impression que les doigts ne sont pas des outils très adaptés pour un déblayage de cette envergure... Un peu comme si l’on tentait de ramasser des pommes de terre avec une fourchette !

Des heures de grattage plus tard, les adeptes sont contents : ils ont leur petite maison et se baladent tranquillement dans le beau monde que vous leur avez sculpté. Comme ils sont contents, ils produisent de la foi, véritable monnaie dans ce monde sans laquelle vous ne pouvez ni gratter ni construire. Pour résumer, on gratte et on récolte la foi, et on paye cher la foi qui nous manque pour continuer à ... gratter

Pour être tout de même de bonne foi, précisons qu’il se passe d’autres choses dans le jeu. Un système de cartes permet de progresser en qualité de construction, en volume de foi, en métier, mais les temps d’activation sont très lents, et donc il vous faut gratter encore plus, ou acheter des gemmes, vendues très cher dans la boutique pour obtenir les précieuses améliorations qui rendraient peut-être ce jeu plus palpitant.

Ces cartes peuvent être boostées avec des autocollants, que l’on trouve dans des coffres aux trésors enfouis dans le paysage et accessibles en ... grattant (et au passage, en décimant la belle forêt présente sur le terrain, sans espoir de la reconstruire un jour).

Une autre aventure possible consiste à prendre un bateau (enfin, un truc à faire !) et à découvrir le monde, qui peut receler des dangers et aussi vous permettre de trouver de précieux autocollants. Inutile de rêver, il n’y aura pas de baston pour autant, les grands dangers sont évités en modifiant le paysage et donc, si vous avez bien suivi jusqu'ici, en … grattant.

Donc globalement, si on aime gratter des heures des couches de terrain avec une précision très aléatoire, partager avec ses amis sur facebook (évidemment),  acheter plein de booster très chers dans la boutique qui s’ouvre intempestivement sans que l’on n’ait rien demandé, et regarder des bonhommes courir dans tous les sens sans avoir idée de ce que l’on peut leur faire faire d’intelligent, on peut jouer avec beaucoup de plaisir à Godus. Sinon, il vous faudra trouver autre chose pour jouer à Dieu.

Note : 4/10 (Sauvé par le graphisme)

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Auteur : Virginie Viale

Spécialiste Jeux Mobiles
Spécialiste du développement commercial, mère de trois grandes filles, elle est dingue de jeux vidéo depuis le temps où il fallait les programmer manuellement. Les évolutions actuelles et l’offre en matière de jeux la fascinent totalement. Son plus grand bonheur, le développement récent de jeux pour tablettes et téléphones, qui lui permettent de jouer partout et tout le temps. Curieuse, toujours en mouvement, elle aime écrire sur ses passions, le Rugby et les jeux vidéo.

Commentaires

Portrait de Alyzée

Pourtant les jeux à gratter ont toujours eu du succès, non ? :) 

Merci pour ce test. Peter Molyneux nous avait déjà habitués à la surenchère avec Fable (où il promettait toujours plus de paillettes et de magie pour des résultats parfois décevants), alors un jeu aussi pompeux que celui-là ne m'étonne pas... Mais c'est dommage que le résultat final soit aussi moyen, car il y avait de l'idée ! 

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