Shadows of the Damned

Shadows of the Damned, en mélangeant le Gameplay d'un Resident Evil 4, le côté déjanté d'un No More Heroes et l’inventivité musicale du compositeur de Silent Hill, s’avère sur le papier alléchant.

My name is Garcia Fucking Hotspur...

Garcia Hotspur, un mexicain grande gueule tatoué de partout, caractérise pour sa part fort bien l’aspect complètement barge des productions Grasshopper Manufacture. Celui-ci, complètement fou de Paula, une blonde à la silhouette alléchante, se voit constamment contraint de la protéger au sein d’un univers où grouillent les démons. Et quand le maître des démons, Fleming, capture la belle et la retient prisonnière dans les ténèbres, la vulgarité et l’audace de la tête brûlée le poussent à la vengeance. Soigner le mal par le mal, c’est ce que prône ce scénario, peu original il est vrai. Une manière assez explicite de nous dire : « Bienvenue en enfer ».


... Hunter of demons, and before you die, I will carve my name into your flesh !! 

Avant de pénétrer dans un monde où les démons au volontairement sale chara-design règnent en maître, l’on rencontre Johnson, alias G. Ce crâne, au passé sombre puisque ancien démon, fait donc office de guide, mais pas que. En effet, ce dernier se veut polyvalent : capable de se transformer en moto, mais aussi et surtout en arme, il constitue à la fois les bras et le cerveau d’un héros plutôt simple d’esprit. Avec un simple pistolet, un fusil à pompe et une mitraillette, upgradables tous trois au fil de l'aventure, l’arsenal est suffisamment conséquent dans l’optique de transformer ce monde des ténèbres en une véritable boucherie. Johnson, non sans rappeler Weathley de Portal 2, dispose de plus d’un charisme fou. Entre répliques cultes et réactions imprévisibles suites à certaines de vos actions, il illustre parfaitement toute l’absence de sérieux du titre.  

 


Taste my Big Boner !

Car une fois arrivé dans les ténèbres, tout sera complètement invraisemblable. Ici, boire redonne de la vie, les serrures prennent la forme de têtes de bébé absolument immondes auxquels il faut donner une fraise, une perle ou encore un cerveau pour les déverrouiller ; les boss prennent quant à eux l'apparence de Paula avant de révéler leur véritable identité... Absolument tout contribue au rire. 
Le jeu se voit d'ailleurs bourré d'allusions au sexe, notamment vers la fin du chapitre 3, où plusieurs fois l'on entre dans un trou noir situé sur une affiche représentant une femme masquée dans une position plutôt suggestive. Je vous laisse deviner où est situé le trou noir.

Comment ne pas également évoquer le Big Boner, énorme extension de votre calibre de base qui fait allusion à l’état d’excitation de notre partenaire. Ainsi, un petit coup de téléphone coquin aux filles de joie constitue la meilleure des façon pour l’obtenir. Les phases de jeu avec l’engin, ultra jouissives et hilarantes, aux vues de la manière dont Garcia le tient et hurle à chacun de ses tirs "Taste my big Boner !", marqueront forcément les esprits. Les dialogues sont eux aussi bourrés d'humour noir, mais constituent le gros point faible de la version française du jeu. Les sous-titres français se voient effectivement censurés, dans le sens où ils ne retranscrivent quasiment jamais les véritables paroles de G. ou de Garcia, notamment quand ces dernières sont vulgaires ou font allusion au sexe.


That's good ! 

En terme d'ambiance, Shadows of the Damned se veut donc très atypique et ô combien osé. Quiconque disposant d’un petit côté vicelard prend assurément un plaisir fou à progresser au sein de cet univers.
Néanmoins, le titre de Grasshopper Manufacture n’est pas exempt de tout reproche, notamment dans le domaine purement technique. Si l’on peut faire abstraction d’une qualité graphique correcte mais sans plus, le dirigisme du jeu et son absence d’exploration rebute quelque peu. Cela dit, Shadows of the Damned regorge de bonnes idées de Gameplay, en particulier avec le système des ténèbres. Par moments, elles envahissent totalement l’environnement dans lequel on se trouve, nous faisant perdre une première jauge de vie (qui se régénère lorsque l'on quitte lesdites ténèbres), puis une seconde, la jauge de vie initiale (et qui se recharge à coup de bières ou autres Tequila). Pour les dissiper, il faut effectuer un "tir de lumière" sur une tête de mouton, preuve une nouvelle fois du côté déjanté de la chose. Le tir de lumière sert aussi à figer les ennemis durant un court instant, ce qui peut s'avérer très utile, d'autant qu'il ne gaspille pas de munitions. Bref, dirigisme ne rime ici pas avec linéarité. La présence de phases de jeu en 2D scrolling réussies l’illustrent également.

Si Shadows of the Damned se compare aisément à un Resident Evil 4, c’est principalement à cause de la rigidité du héros : Garcia comme Léon sont lents et leurs déplacements peu fluides. Heureusement, il est ici possible de bouger en visant, sans quoi le Gameplay eut été totalement dépassé. D'autant que quelques bugs de collision rendent certains combats encore plus difficiles. 
A noter finalement que durée de vie comme rejouabilité s’ajoutent aux points faibles du jeu. Dix heures de jeu dont une collecte de 80 Gemmes Rouges permettant d'améliorer armes ou santé), aussi intéressantes à jouer soient-elles, cela fait peu. La plupart des gemmes se trouvant chez Christopher, un démon hideux mais inoffensif, ou étant innées à un certain mode de difficulté (easy/medium/hard), les obtenir toutes demande un certain courage. Refaire trois fois un tel titre ne présente en effet que peu d’intérêt.

 

Zoom sur...

Goichi Suda, producteur de jeux aux scénario barrés. Si Suda 51 de son surnom s'est fait un nom dans le milieu du Jeu Vidéo, il le doit principalement à son inventivité en matière de scénario et d'univers. Killer 7, son premier chef d'oeuvre sorti sur GameCube en 2005, bouleverse à l'époque : le titre se veut atypique, tant dans ses idées de Gameplay que dans son ambiance, malsaine et jouant avec la psychologie du joueur. De même, l'on retrouve dans Killer 7 les prémices d'une des marques de fabrique de Suda, à savoir un style graphique en Cel-Shading du plus bel effet. 

Fondateur de Grasshopper Manufacture en 1998, Goichi Suda se démarque donc en osant proposer du trash, véritable pillier de ses titres. Et s'il ne se limite pas au seul rôle de scénariste et contribuera à la conception d'excellents titres comme Super Smash Bros. Melee, force est de constater qu'il excelle dans sa vocation et contribue à diversifier davantage un média déjà très vaste.

Ainsi, Shadows of the Damned séduit. Caractérisé par un univers alliant savamment horreur et humour noir, avec un Garcia et G. aux répliques devenues cultes, et ses très bonnes idées de Gameplay qui le rendent agréable à découvrir. Toutefois, tout est loin d’être parfait. Version française édulcorée, tout comme rigidité et dirigisme entachent une copie néanmoins très bonne. 

NOTE : 8/10

Plateformes: 

Commentaires

Portrait de yancha

C'est surtout la gestion de la caméra qui est pénible. Autrement, si je laisse parler mon coeur, j'adhère à ta note. Dommage juste que la réunion de 3 grands noms du jeu vidéo n'ait pas été plus explosive.
Enfin, rassurons nous, on n'a pas eu droit au doublage français!

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